Témoignage : Viviane, ex fumeuse heureuse

« J'aimerai tant partager mon expérience (relater mes souffrances aux gens qui fument et qui m'enfument, mais à quoi bon ? Comme on le dit bien souvent on meurt de toute façon de quelque chose… Qui suis-je pour convaincre de cesser de fumer cette "saloperie" ? Ma maladie sans doute mais surtout cette dépendance telle que la cigarette, mais aussi l'exemple de mon père alcoolique, addiction plus compliquée. Il ne fumait pas ! La vie vaut d'être vécue sans toutes sortes d'addictions (tocs, alcool, cigarette, drogue, anti-dépresseur, anxiolitique, boulimie, anorexie, phobie…). J'étais une très grande fumeuse depuis mes 23 ans (2 à 3 paquets par jour répartis ainsi : selon mon état de nervosité, mon état d'émotivité, de poses détente, de moments pour réfléchir, pour trouver l'inspiration, pendant les soirées partagées avec des amis (très régulièrement), après un bon repas et... après l'amour. Tous les 1er janvier, je me promettais de diminuer le nombre de cigarettes fumées. Sans succès. J'ai essayé les cigarettes légères, les extra légères, les à l'eucalyptus, celles aux parfums divers, celles à rouler. Puis à contre coeur, j'ai essayé l'accupuncture, les patches que j'abandonnais au bout de 3 ou 4 jours, et bien d'autres substituts. Enfin, le burn out m'ait tombé dessus en 2001 au décès de ma mère... Dépression, anorexie. J'ai demandé une prise en charge par le corps médical, j'avais besoin de soins. Evidemment, j'ai suivi un traitement sous anti-dépresseurs et anxiolitiques. Je me suis relevée physiquement et ai repris le travail au bout de 3 ans d'arrêt de travail, toute pimpante et remplie d'espoir. Malheureusement, les jours et mois passants, la conjoncture économique et la mise en place de la restructuration de mon entreprise (où j'étais employée) m'affaiblissent moralement. Et voilà, je sens perdre la confiance en moi et découvre une communication toxique avec mes collègues et ma hiérarchie. Celle-ci se dégrade ignoblement ! Je m'efforce donc de trouver une porte de sortie… Il me faut me ressaisir car ma santé physique et morale est en danger, je le sens... Je décide alors, eh oui de ne plus fumer, mais à la seule condition de reprendre le traitement sous anti-dépresseur qui j'avoue m'avait réussie. 3 ans encore se passent en arrêt de travail. Un zombie, je dors beaucoup, mais je survie. Je me sens toutefois très fatiguée physiquement, plus de force, mal au dos, toujours très maigre. J'ai toujours ma tête....Je demande à mon généraliste de me prescrire une radio du thorax. Je me sens serrée, comme si j'avais un étau qui me comprime. Il accepte pour me rassurer. RDV est pris et après examen (la radio) on me demande d'attendre le résultat. J'ai la chance d'avoir à faire à un médecin radiologue qui ressent ou qui perçoit mon anxiété. Je lui demande de me renseigner sur ces résultats. La réponse ne tarde pas, il me conseille de rencontrer un pneumologue au plus vite. J'apprends, après plusieurs examens (re radio, broncho ... iRM, petscam) que je développe une tumeur cancéreuse du lobe gauche du poumon avec,  quelle chance, la possibilité de subir une opération chirurgicale pour supprimer une partie du lobe... A ce jour, je suis en bonne santé, je n'ai pas repris beaucoup de poids mais ce doit être ma nature. Je suis à la retraite et tout va bien. Je rends visite à mon pneumologue pour un contôle de routine. J'ai totalement oublié la cigarette, même l'odeur. Les fumeurs ne me dérangent pas. »