Quand la poésie permet la rencontre…
Le dernier vendredi de chaque mois, la Compagnie Résonances propose une soirée de rencontre autour de deux ou trois poètes et d’un ou d’une musicienne, porte de Clignancourt (1). Si nous souhaitons attirer l’attention sur ces manifestations, c’est qu’elles ne sont pas tout à fait semblables à celles qui se déroulent partout à Paris et en province. A quoi cela tient-il ? Peut-être d’abord au lieu dans lequel elles se tiennent — plusieurs pièces prolongées par un jardin, en rez-de-chaussée, donnant directement sur la rue Camille Flammarion. Pour y parvenir, il faut d’abord traverser un boulevard extérieur, et du coup, on a le sentiment d’avoir un peu quitté Paris, de se trouver ailleurs : l’accueil est chaleureux, le public est nombreux, et le lieu est vivant. Pas seulement à cause de la lecture qu’on s’apprête à entendre. Les salles sont habitées tout au long des semaines par des activités qui animent le quartier. Cela se voit dans le public, qui comprend parisiens et voisins. Les habitants ont l’habitude de venir, ils participent aux ateliers, y envoient leurs enfants. On les retrouve lors des lectures, parents, enfants, poètes ou amateurs de poésie mêlés, pas déroutés d’entendre des textes littéraires parfois pourtant un peu complexes, ni agressifs, ni humbles, au contraire attentifs et de plein pied, comme à égalité avec les trois ou quatre artistes qui sont venus leur proposer des textes, une musique : le fruit de leur travail. Cette bonne humeur, cette bonne écoute sont réjouissantes. Elles trouvent tout naturellement leur récompense dans un repas qui prolonge la soirée et qui a été préparé par des habitants du quartier, un plat chaud délicieux, un dessert, des boissons.
Source : Blog de la quinzaine littéraire
A qui devons-nous ces plaisirs? A Naïma Taleb, comédienne et metteur en scène, qui dirige la compagnie et à Seyhmus Dagtekin, poète, romancier, musicien, qui conçoit et anime les rencontres de poésie. Ce dernier choisit les poètes qu’il invite avec une grande largeur d’esprit : pas de chapelle, une variété de style et de comportement, une liberté de ton, de goût. Et chaque fois, autant que nous avons pu en juger, des textes et des musiques de qualité. Voilà qui mérite d’être souligné. Ajoutons que si le travail mené par la Compagnie Résonances est appréciable sur le plan artistique et culturel, il l’est aussi, osons le mot, sur le plan politique. Naïma Taleb et Seyhmus Dagtekin ont compris, ce qui n’est pas fréquent en une époque férocement matérialiste, dont les enjeux ne sont qu’économiques, que les individus ont besoin d’art pour se comprendre et s’apprécier.
Nous avons choisi, pour donner un exemple de la poésie entendue lors de ces soirées, une femme poète récemment invitée, Tristan Félix, pour les qualités de ses textes mais aussi pour la vigueur joyeuse avec laquelle elle les offrait aux spectateurs. Vous pouvez retrouver des extraits de son recueil “Ovaine” éd. Hermaphrodite, 2009n cliquant ici.
Marie Etienne.
(1) 8 rue Camille Flammarion, 75018, métro Porte de Clignancourt