Nous sommes habitués depuis des décennies aux effets d’annonce, et ce n’est pas la première fois que les promesses électorales s’envolent au lendemain de la victoire. Pas de changement avec Hollande.
Par Jacques Garello.
Publié en collaboration avec l’aleps.
François Hollande et son gouvernement se donnent en spectacle, cela leur tient lieu de politique, du moins pour l’instant.
Pour l’instant tout est façade, tout est apparence : discours et mesures cosmétiques.
Façade sociale : en attendant la mythique croissance, on prétend améliorer le pouvoir d’achat en donnant un « coup de pouce » au SMIC, ce qui est une recette infaillible pour accroître le chômage (ce que rappellera Jean Yves Naudet demain dans son article de conjoncture), mais les dégâts ne se verront que dans quelques mois. En attendant la mythique croissance, on augmente de 25% l’allocation de rentrée scolaire et, pour compenser les menus frais de cette largesse, on annonce la suppression du quotient familial, ce qui a une toute autre importance et une toute autre signification. En attendant la croissance, on organise une grande concertation avec les syndicats en juillet, parce qu’il faut le temps de préparer un tel événement où les participants rediront une nouvelle fois ce qu’ils ne cessent de répéter depuis des décennies.
Façade scolaire : en attendant le recrutement de 60.000 enseignants, on crée 1.000 postes supplémentaires, et en attendant la rentrée 2013 on se propose de modifier les rythmes scolaires, sans savoir comment : pas d’idée a priori, c’est-à-dire pas d’idée du tout.
Façade fiscale : la hausse d’un demi point des cotisations patronales est prévue pour compenser le retour à la retraite à 60 ans pour certains salariés, dont on ne connaîtra le nombre qu’en juillet, mais rien n’empêchera le système d’exploser sauf à se donner un répit passager en diminuant les pensions et taxant salariés et entreprises. On se prépare cependant à revenir sur les allègements concernant les droits de succession et l’épargne investie.
Façade diplomatique : François Hollande a consacré le plus clair de son intervention télévisée à proclamer la nécessité d’une intervention militaire de la France en Syrie, mais « suivant les règles du droit international, c’est-à-dire l’accord de l’ONU », dont on sait qu’il est impossible, d’autant plus que les Américains ne veulent pas apporter leur soutien logistique. Quant à quitter l’OTAN, les déclarations de Chicago, pourtant timides, ne seront pas suivies d’effets.
Pour être objectif, je dois rappeler que nous sommes habitués depuis des décennies aux effets d’annonce, et ce n’est pas la première fois que les promesses électorales s’envolent au lendemain de la victoire. En politique, le spectacle est permanent chez nous.
Il l’est aussi au niveau européen. La réunion de Bruxelles confirme la détermination de sauver l’euro, et de garder la Grèce dans le club, mais nul ne s’y méprend ; on mise sans y croire sur des élections grecques du 17 juin qui décideraient les Grecs à payer leurs impôts, à cesser de travailler au noir, de détourner les aides européennes, de verser des subventions, des pensions et des aides sociales inconsidérées. De son côté, la Commission de Monsieur Barroso feint de croire que la règle d’or sera respectée au prix d’une réduction des dépenses publiques, mais elle a déjà fait part de son scepticisme à l’égard de la France, qu’elle juge incapable de tenir ses engagements. Heureusement, Monsieur Moscovici l’a rassurée : le déficit disparaîtra. L’essentiel est de promettre.
La cosmétique est faite pour masquer la réalité. Elle est d’un côté aveu d’impuissance : les merveilles attendues attendront. Mais d’un autre côté, elle est aussi tromperie : nous ne voulons pas vous dire la vérité, surtout à quinze jours d’une élection décisive.
Donc, je ne sais pas si François Hollande et les siens se veulent rassurants pour un électorat modéré ou s’ils calment l’impatience de l’électorat de gauche qu’ils prient de leur faire crédit jusqu’au 17 juin, après quoi le rouleau compresseur socialiste se mettra en route.
Il est vrai que les pouvoirs d’un gouvernement sont constitutionnellement limités en l’absence d’un parlement élu, il faut se contenter d’annuler ou de prendre quelques décrets. Les choses sérieuses commenceront quand on connaîtra la composition de la nouvelle Assemblée.
Mais y a-t-il quelque chose de sérieux à attendre, ou serons-nous condamnés à la cosmétique permanente ?
En ce qui concerne les libéraux, et quelle que soit la conjoncture politique, je ne cesse de répéter que notre mission sera de dire la vérité, non pas seulement pour ouvrir les yeux de nos compatriotes sur l’origine des difficultés présentes, mais aussi pour leur rappeler que les solutions sont dans la libre entreprise et le libre échange, et leur expliquer les réformes de fond qu’appelle la situation et qui peuvent leur rendre espoir.
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