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LE FIGARO- Quelle est la situation des finances publiques françaises?
INTERVIEW - Gilles Carrez, jusqu'à présent rapporteur général UMP du budget à l'Assemblée, présente son chiffrage des premières mesures socialistes.
Gilles CARREZ- Ce qui se passe en Espagne est gravissime, et l'incendie est maintenant aux portes de la France. Avant la crise, l'Espagne et la France empruntaient à 3 % sur les marchés. Aujourd'hui, Madrid emprunte à plus du double, preuve que la situation peut se retourner très vite. Dans un contexte aussi dangereux, il ne faut pas commettre l'irréparable par des décisions inappropriées. Nous disposons désormais d'une batterie d'analyses convergentes - rapports de la Commission européenne, de la Cour des comptes et de l'Inspection des finances - réclamant la maîtrise des dépenses publiques. Notre majorité a prouvé au cours des deux dernières années que cette voie était possible, sans pour autant dégrader le service public. Rien ne serait pire que d'augmenter les dépenses et de les financer par des hausses massives d'impôts ou de l'endettement supplémentaire. Or, c'est le chemin que semble prendre le gouvernement…
Quelles sont les mesures les plus dangereuses?
La hausse du smic joue contre l'emploi. D'autant que les entreprises devront aussi faire face au relèvement des cotisations retraite, pour financer les départs à 60 ans. En ajoutant à ces deux mesures l'allocation de rentrée scolaire et la fin du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux des fonctionnaires, on arrive à un chiffre éloquent: un mois de décisions socialistes, c'est 20 milliards de dépenses publiques supplémentaires d'ici cinq ans, soit l'équivalent de 1 % de la richesse nationale! Le tout dans le plus grand flou. Nul ne sait où le PS compte faire des économies. Et dans la forme, il n'est pas acceptable que la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine refuse de venir s'expliquer sur le décret sur les retraites ce mardi devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée.
Le gouvernement dit pouvoir atteindre les 3 % de déficit en 2013 grâce aux hausses d'impôts…
Je n'y crois pas. La plupart des mesures fiscales du programme PS sont surévaluées, car elles se fondent sur l'illusion démagogique de faire payer les riches. Ainsi, l'alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail ne rapportera pas les 4,5 milliards d'euros prévus, car nous avons déjà comblé l'écart d'imposition entre capital et travail. Quant à la tranche à 75 % et le relèvement de l'ISF, ils risquent de ne pas produire beaucoup de recettes si les contribuables concernés quittent notre pays.
Craignez-vous un exode fiscal?
Les grandes fortunes éviteront une fiscalité devenue confiscatoire, à un niveau jamais atteint en Europe. Je pense aussi à la catégorie des «petits riches» qui ne seront pas touchés par l'imposition à 75 % des revenus mais par le retour de l'ISF aux taux anciens, sans commune mesure avec les rendements actuels du patrimoine.
Les classes moyennes vont-elles être appelées à la rescousse?
J'en suis hélas certain. Comme la chasse aux riches rapportera bien moins que prévu, ce sont les classes moyennes qui payeront l'addition. Par exemple, pour rester dans le domaine de la fiscalité du patrimoine, je suis persuadé que le gouvernement socialiste réduira les incitations fiscales de l'assurance-vie.