Les artbooks constituent un produit dérivé dont on ne parle pas beaucoup dans l’hexagone. Il faut dire qu’on a beau les compter par milliers au Japon, les publications hexagonales tiennent plutôt sur les doigts de la main… La faute à la frilosité des éditeurs français ou à l’obsession du monopole nippon, allez savoir. Néanmoins, depuis le ralentissement de la publication de ses séries phares, Glénat a décidé d’exploiter le filon.
Après Bleach et D.Gray-Man, l’éditeur a relancé en mai la série des Color Walk de One Piece et publie l’opus Lion, le troisième recueil d’illustration d’Eiichiro Oda, dans une collection qui en compte pour l’instant cinq au Japon.
C’est parti pour une review tout en image…
La bande à Luffy, entre guerre et sieste
Comme à l’accoutumé, ce recueil compile les planches originales telles qu’elles furent publiées dans le Shônen Jump, du 16 avril 2001 au 4 août 2003. C’est à cette époque que la publication française commence (en 2000 pour être exact) mais, au Japon, ces 2 ans couvrent déjà les sagas Baroque Works puis Skypea.
L’artbook mélange des illustrations couleurs en pleine page, centrées sur Luffy ou sur tout l’équipage du Vogue Merry. On retrouve quelques illustrations de début de chapitre qu’on a pu découvrir il y a quelques années dans les tomes 20 à 30, en couleurs cette fois-ci, ainsi que la dizaine d’auto-portraits d’Oda ornant les jaquettes de ces derniers. Néanmoins, une bonne partie de l’artbook est composé d’inédits (pour le public français en tout cas).
Ces derniers sont parfois en simple page et font honneur au chapeau de paille qui est représenté seul ou au premier plan, avec les membres de son équipage derrière lui. On apprécie par exemple Luffy en tenue traditionnelle de matsuri, aussi folklorique que sympathique. L’artbookk comporte cepedant une illustration dédiée à un autre sbire, Zorro, qui pose avec un regard menaçant pendant qu’il tire l’un de ses sabres de son fourreau.
Pour en revenir au héros de One Piece, toutes ces illustrations permettent d’apprécier son évolution graphique entre 1997 et le début des années 2000, car il a déjà bien changé depuis ses débuts au Japon, comme le montre cette comparaison entre deux illustrations du Color Walk 1 et 3 :
Mais les dessins les plus réussis restent incontestablement les doubles pages, où Luffy ET ses congénères sont tous représentés, sans que le héros de l’histoire soit systématiquement le point de mire. L’équipage est à l’époque composé de Luffy, Nami, Pipo, Zorro, Sandy, Choper et la belle Nico Robin monte à bord en cours de recueil.
Les représentations tournent autour de deux axes et oscillent entre guerre et moments de détentes, entre dynamisme et oisiveté. Afin d’en faire des guerriers intemporels, Oda aime déguiser ses personnages en s’inspirant de différentes époques, dans un style régulièrement britannique ou US.
Il arrive aussi que le mangaka réagisse à l’actualité. Son illustration du Weekly Jump n°44 de 2001 doit beaucoup aux tensions et conflits internationaux post-11 septembre, comme il l’explique lui même : « J’ai dessiné cette illustration à un moment où ça chauffait de partout dans le monde. Les nouvelles nous informaient que c’était la pagaille dans de nombreux pays. Alors j’ai dessiné des colombes. Yeah !«
Coté détente c’est l’humour qui domine, avec des tableaux ultra-détaillées, qui suivent parfois les saisons : l’équipage se détend sous les cerisiers en fleurs, lors d’un pique-nique estival… À croire qu’il fait toujours beau dans le monde de One Piece. Dans ces illustrations chaque personnage vaque à son occupation, avec une attitude qui lui est propre : on voit par exemple, ci-dessous, un Sandy qui profite d’un moment de détente, clope à la main, pendant que Luffy est en pleine bataille alimentaire et que Pipo salue, très circonspect, un cochon volant.
Les animaux étranges et farfelus sont d’ailleurs très nombreux : hippopotame d’assaut, mouton à moustache qui fume la pipe, pingouin qui tente de prendre des notes mais qui s’endort devant un cours de Pipo. On ne cesse d’observer et de re-re-regarder toutes ces illustrations qui ne révèlent jamais tous leurs secrets au premier coup d’œil !
Sur l’importance des détails, Oda s’explique dans l’interview qui clôt l’artbook : « Plus on rajoute de détails, plus on arrive à transmettre ce que l’on veut. C’est ce que m’avait enseigné mon maître. Depuis le jour où il m’a dit : « Dessine avec minutie, les lecteurs percevront toujours le résultat », je garde toujours son conseil dans un coin de ma tête. »
Après une entrevue avec Akira Toriyama dans le tome 1 puis Fujiko Fujio dans le second, l’entrevue de ce volume est réalisée avec Yoshitaka Amano, peintre et character design (entre autres) de Final Fantasy. La traduction française prend alors tout son sens cette double interview enfin compréhensible constitue un plus de l’édition française. Des petits mots accompagnant les illustrations ont également été traduits.
Ajoutons pour finir quatre pages de croquis inédits, un petit mot de l’auteur pour ses lecteurs en fin d’ouvrage et nous obtenons donc un recueil avec un bon rapport qualité prix, à 23.5 euros.
Beau, original, intéressant et souvent drôle, ce troisième opus de Color Walk est plus que jamais un must-have pour les fans de One Piece !
On attend d’ailleurs impatiemment le prochain, finalement annoncé pour le mois de septembre !
Titre : ONE PIECE COLOR WALK 3 ~LION~
Auteur : Eiichiro Oda
Date de parution : 22 mai 2012
Éditeurs fr/jp : Glénat / Shueisha
Nombre de pages : 108
Format : 21 * 29.7
Prix de vente : 23.50 €
Nombre de volumes fr / jp : 3 / 5
Visuels © by Eiichiro Oda – Éditions Glénat All rights Reserved
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