Prometheus : à l'ombre des derricks d'or noir

Par Hectorvadair @hectorvadair

Deuxième affiche : superbe

Prometheus
Ridley Scott
On y va l'esprit excité, comme lorsqu'on sait que l'on va assister à un évènement majeur.
Rien n'a trop transpiré du scénario, et tout juste savions nous qu'il s'agissait d'un morceau de l'univers Aliens, au départ créé en 1979 par le même réalisateur.

Une statue de space jockey
...S'honorent -ils ?

...Ça commence comme un super film naturaliste, et si l'on voit que  l'on est dans la fantasy, avec un humanoïde à la couleur blanchâtre, très grand et musclé (à la Den diront certains avec référence (1)), il faut la présence d'un énorme vaisseau dans le ciel pour se sentir dans un film de Science fiction.

Cascade africaine aujourd'hui :
grande ressemblance

En effet, rien ne laisse paraître un temps chronologique quelconque, à peine reconnait-on notre planète, grâce à la beauté de ces paysages (islandais ?) tout en plateaux, hautes montagnes enneigées, et cascade immense. D'ailleurs, cette grande cascade n'est-elle pas plutôt typiquement africaine ? Mais une Afrique alors très ancienne, avant tout ses déserts que nous connaissons,... de mémoire d'homme.
Car c'est bien de cela dont
il s'agit dans Prometheus : de l'homme, et de ses origines, avant qu'un quelconque Alien Xenomorphe, ou qu'un préquel à quelque film que ce soit.
Humanoïde donc, d'une race inconnue, qui aussi étrange que cela puisse paraître, ouvre une sorte d'urne et boit la substance acqueuse qui s'en échappe, avant d'être parcouru par des spasms violents, qui le détruisent, ...et de se laisser tomber dans la cascade tumultueuse...
La, son corps s'effrite, ne laissant plus dans l'eau courante qu'une branche d'ADN, en cours de (re) construction.
Fin du prologue.
2091, en Écosse, un équipe archéologique découvre des fresques rupestres datant de 35000 ans, montrant de grands êtres désignants aux peuplades autochtones une série d'étoiles. Ce dessin est déjà connu sur d'autres fresques, ailleurs et à d'autres époques. (2)

2094, dans l'espace...un superbe vaisseau traverse l'infini vers une destination encore inconnue. A son bord veille David, un androïde dernière génération, humain en apparence.
A la sonnerie alertant l'arrivée imminente vers leur destination, il réveille l'équipage en hibernation spatiale. Il est temps de connaître leur exacte mission.
A son bord, on retrouve entre autres deux scientifiques chargés de la mission archéologique.
Si ce genre de début nous parait quelque peu familier, la suite le sera moins :
L'arrivée sur LV 223, la fameuse lune censée être celle des "ingénieurs", c'est ainsi qu'on a nomme ces êtres désigant les étoiles, et qui nous auraient donc créés, nous, humains, est par exemple très réaliste, et en même temps impressionnante :
Quelle beauté dans sa découverte. Beauté des ses constructions architecturales basiques, de type antique, et en même temps si étranges...
Première réaction : faut-il se précipiter ou au contraire avancer avec circonspection ? On a vu au travers des quelques expéditions terriennes réelles que les chose semblent se faire beaucoup plus posément, réfléchies. Alors oui, aucune de forme de vie n'a été détectée avant d'atterir (pas de sources de chaleurs indique t'on), mais cela interdit-il la prudence ?
Et la majeure partie de l'équipage de débarquer, tonitruant, avec véhicule motorisés et fronderie, comme s'il était chez lui. "Tout l'homme" se dit-on, bien imbu de ses certitudes...
Et ce qui doit arriver arrivera...
Sans révéler toutes les ficelles et ressorts du film, on peut en tirer les substentifiques atouts :

Une superbe héroine/actrice : Noomi Rapace, vue récemment dans Millenium de Niels Arden Oplev. Rôle tout d'abord assumé tout en tendresse et discrétion, puis décapant dans l'aptitude du personnage à survivre.
> Sigourney Weaver est "oubliée" !
Un casting complet très sympathique, où chaque personnage est en place, sans trop de débordement de jeu. On remarquera celui tout en finesse de David (Michael Fassbender), rappelant bien sur le role de Bishop à venir plus tard dans Alien.(3)
La révélation de mystères laissés longtemps comme tels, dans cette première approche du sujet, en 1979, dont la description précise de cet être extraterrestre intriguant, figé dans une sorte de carapace et aux commandes d'un étrange canon, au début du même film. .. (le "space jockey")

Comparaison entre 1979 et 2012 space jokey's canon "fighter"


Et, si la réponse n'est pas définitive, un début d'explication sur la raison de la présence de ces Xenomorphes sur cette planète et à l'intérieur de ce vaisseau en forme d'anneau, que l'on a (nous, connaisseurs de la saga Alien) pris l'habitude de reconnaitre.

Le vaisseau en forme d'anneau


Le liquide noir récupéré par David... de l'or, ou la mort !
Une goutte de ce que des milliers d'urnes renferment...

 
Conclusion : En fait, s'il s'agit bien d'un préquel d'Alien, Ridley Scott a cependant réalisé un excellent travail, et replacé la barre assez haut pour permettre à un large public amateur de science fiction d'avoir dores et déjà accès à un film de grande qualité, et de nous laisser espérer une nouvelle saga de grande ampleur, à la hauteur de son concurrent George Lucas avec Star Wars. (Et non Avatar, pour moi, auprès duquel Ridley Scott a voulu semble t-il néanmoins s'aligner, d'après certaines interviews**.)
Magnifique... et terrifiant.
(1) Den de Richard Corben, personnage de comics. Voir la bibliographie française.
(2) Extraterrestres et ovnis dans l'art Voir : http://secretebase.free.fr/ovni/histoire/art/art.htm
(3)
Les sympathiques clins d'oeil à Lawrence of arabia et à Peter O Toole resteront à élucider. (Sur les forums ?)

(**) la plupart des sources sont retrouvables sur l'incontournable  Forum dédié au film :
http://www.prometheusfrance.com/chronologie-de-la-saga-alien-2050-a-2381.php
Pour les origines du premier film de la saga et le rôle de Giger (entre autre) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Alien_%28film%29#Autour_du_film