ASCO 2012 : le T-DM1, de l’espoir pour les malades oui mais…

Publié le 04 juin 2012 par Cathcerisey @cathcerisey

Le colloque de l’ASCO qui a lieu à Chicago tous les ans réunit les spécialistes en matière de cancer. Cette grande messe très attendue de tous permet de présenter les dernières avancées en matière de traitements. Hier, une excellente nouvelle est tombée pour les femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique, nouvelle reprise par tous les médias aujourd’hui avec moultes superlatifs dithyrambiques. Radios, quotidiens, JT en parlent tant et si bien que toutes les femmes touchées se retrouvent à espérer : et si on avait trouvé le médicament miracle. Alors oui, belle avancée ! Oui… mais !

Ce nouveau traitement, le TDM-1, qui, allie une molécule, le DM1, à l’Herceptin  présente un avantage majeur. En effet, le DM1 est en fait si toxique qu’il ne peut pas être administré en perfusion classique. En revanche, injecté directement dans la cellule maligne, il est d’une efficacité redoutable sans générer (trop) d’effets secondaires. (pas de perte de cheveux par exemple).

Cette thérapie très ciblée, a été le sujet d’une étude, appelée EMILIA, qui a porté sur 1 000 femmes atteintes d’un cancer du sein HER2+ métastasé. 500 femmes ont reçu le T-DM1 couplé à l’herceptin, les 500 autres recevant le traitement chimiothérapique du protocole habituel.

Pour la branche T-DM1, la survie sans progression de la maladie a été de 9,6 mois versus 6,4 mois pour l’autre branche. En terme de survie 65% de patientes ayant bénéficié de la nouvelle molécule sont encore en vie contre 47,5 dans l’autre groupe.

Or donc, les journaux ce matin crient presque au miracle ! Mais plus sérieusement, et en y regardant de plus près, nous ne sommes malheureusement pas au bout de nos peines.

En effet, si l’on veut voir la bouteille a moitié vide, 3,2 mois de gagné c’est bien peu ! Cela veut dire quelques semaines de sursis et d’espoir avant que les cellules malignes ne reprennent le dessus. D’autre part, attention, pour l’instant, cette avancée ne concerne que les cancers du sein HER2+ (soit 15 à 20% des malades), au stade métastatique et réagissant à l’Herceptin. Pour les autres, notamment ceux qui résistent à cette dernière, il va falloir attendre d’autres études. Et les autres, triple négatifs ou seulement hormonodépendants,  soit la majorité, ne sont pour l’instant, pas concernés.

Je crois surtout que a bonne nouvelle pour nous toutes, c’est que la recherche porte quasi essentiellement maintenant sur les thérapies ciblées moins toxiques donc avec moins d’effets secondaires. Et que dans ce domaine, c’est clair, on avance !

Alors, attention aux effets d’annonce des journalistes ! Leur enthousiasme contagieux probablement du à celui du laboratoire qui a présenté les résultats de l’étude est à mitiger un petit peu. C’est un espoir oui, une information réjouissante même pour celles concernées par ce cancer très agressif, mais peut être un tout petit peu moins que les unes nous le disent ce matin…

Catherine Cerisey

Sources : Nouvel Observateur, Libération, Doctissimo