(Extrait de « Pour tout l’or du monde » –op. cité)
Se demande-t-on pourquoi le vers de 12 pieds porte ce nom dérivé d’Alexandre ?
Sans doute alexandrin sonne-t-il mieux que dodécasyllabique et gagne-t-on du temps à prononcer l’un de préférence à l’autre.
Mais qui est cet Alexandre qui se promène dans le jardin des muses ?
C’est Alexandre III de Macédoine dit LE GRAND (356-323 av. J.C.), celui qui fut l’élève d’Aristote, le conquérant de la Perse, de l’Egypte et de la Syrie, l’incendiaire de Persépolis pour un sourire de Thaïs, sa favorite, celui qui trancha le nœud gordien, celui qui monte Bucéphale, son cheval à tête de bœuf.
L’alexandrin pouvait-il rêver plus noble et plus glorieux parrainage ?
14 siècles s’écoulèrent après la mort d’Alexandre avant que naisse, timidement, dans le sud de notre pays, au début du XIIème siècle, le premier ouvrage romanesque consacré aux exploits de ce grand conquérant.
1ère étape : Nous parviennent 105 vers de 8 syllabes écrits en franco-provençal par un certain Alexandre d’Albéric (ou de Briançon ?)
2ème étape : Vers 1170, un poète du Poitou compose sur la naissance d’Alexandre (785 vers de 10 syllabes).
Dernière étape : Ces deux textes seront fondus à l’intérieur d’un ouvrage ambitieux : Le Roman d’Alexandre, écrit par Alexandre (encore !) de Paris (ou de Bernay ?) : 16000 vers de 12 syllabes. L’alexandrin vient de naître, à la fin du XIIème siècle.
Plus récemment, Georges Fourest, irrévérencieux, a remarqué que les alexandrins pouvaient se chanter sur l’air du Père Lustucru.
J’ajouterai, facétieux, que les textes en alexandrins se chantent aussi très bien sur un rythme de boogie-woogie. Essayez !