Après 8 ans d’absence sur le marché discographique, Chantal Taïba publie cette semaine un Best of de 16 slows, baptisé «Que du bonheur». Distribué sous le label Independance Day, ce cocktail de chansons langoureuses a été fait à partir de la discographie de l’artiste, réalisée entre 1984 et 2004. Découvrons avec la Reine du Matiko, cette œuvre dont certains titres ont été repris et d’autres remixés tout simplement
• Il y a plus d’an, tu as été victime d’une fracture de la jambe gauche. Comment te portes-tu aujourd’hui?
- Je dirai un an et demi car c’est depuis Décembre 2010 que j’ai eu la jambe fracturée. Par la grâce de Dieu, ça va mais je suis toujours en rééducation.
• On t’a vue marcher difficilement. Tu boitilles encore…
- Oui, oui ! J’essaie de marcher sans béquille. sinon, je marche avec une canne anglaise. Le kiné me recommande de marcher sans elle. Mais quand on ne l’a pas fait depuis un an et demi, on a peur (Rires). Donc, je fais très attention en me déplaçant.
• La rééducation se fait à domicile ou chez un spécialiste ?
- ça se passe à la Polyclinique internationale sainte Anne-Marie (PISAM). J’avais un fixateur à la jambe mais il a été retiré. C’est donc le pied seul, sans soutien qui est en train d’être rééduqué, pour que je réapprenne à marcher.
• Tu n’es cependant pas restée inactive depuis. Tu as préparé discrètement un Best of.
- Vous savez, je n’ai pas l’habitude de recevoir des enveloppes à la fin du mois (rires). Je travaille pour gagner ma vie. Je ne peux pas me permettre le luxe de rester inactive un an et demi. En 2011, j’ai quand même organisé le concours Bagnon. Après ça, il me fallait commencer mon prochain album. Je suis allée en studio avec Serge Beynaud. On a bouclé un titre. J’ai commencé à travailler aussi avec David Tayorault. Après, je me suis dit qu’avant que l’album ne sorte, je devais faire un bilan de mon parcours depuis 1984. J’ai donc décidé de concocter un Best of de 1984 à 2004, c’est-à-dire 20 ans de chansons parmi lesquelles, j’ai extrait les meilleurs slows.
• Pourquoi spécialement des slows ?
- C’est vrai que la particularité de ce Best of, c’est que c’est uniquement 16 slows. J’ai fait ce choix parce que quand on sort un album, les chansons dansantes font en général de l’ombre aux titres langoureux. Le public choisit un ou deux titres chauds et n’écoute plus les autres. Alors que souvent, ce sont des chansons qu’on a composées avec le cœur et dans lesquelles on dit beaucoup de choses. A force de vouloir danser, on n’écoute plus les musiques douces.
• As-tu rechanté ces titres ou bien ils ont été simplement remixés ?
- Certains ont été remixés entièrement et j’ai rechanté d’autres simplement. Je suis repartie en studio pour cela avec le musicien et ingénieur de son Houon Pierre alias Wompy.
• Donne-nous quelques titres des slows qu’on retrouvera sur cette galette.
- Il y a par exemple Demizo, composée par Waïpa Saberti. C’est une chanson qui était sur l’album, Ingratitude, sorti en 1993. Il y a des titres comme Baby, chanté en Kroumen et en anglais. Il est resté en l’état, il n’a pas été retouché. Vraiment, avec ce Best of que j’ai baptisé Que du bonheur, chacun en aura pour son compte. Il sortira cette semaine chez Independance Day.
• Un album de 16 slows uniquement, c’est inédit en Côte d’Ivoire !
- C’est vrai mais dans le show-biz, je marche toujours à contre courant. Je ne fais pas ce que tout le monde fait. Le public ivoirien aime les rythmes dansants, les chansons qui bougent. L’idée est partie d’un constat fait par des musiciens avec qui j’ai travaillé pendant mon dernier séjour aux Etats-Unis, avant mon accident en 2010. Ils m’ont dit : «Chantal, on trouve que ton timbre vocal va plus avec les morceaux posés, les musiques d’écoute». Ils m’ont aussi demandé pourquoi je faisais toujours des titres dansants et qu’ils allaient me faire faire des titres posés où on va mettre vraiment ma voix en exergue. La remarque ne m’a pas laissée indifférente. Revenue au pays, je me suis dit pourquoi ne pas tenter l’expérience ? Donc, je décide de tenter le coup avec ce Best of. Si le public suit, cela va me motiver à multiplier les slows sur mes prochains albums.
• Un an et demi sans activités. Comment faisais-tu pour vivre ?
- (Sourire) C’est la grâce de Dieu. La manne venait d’en haut (Rires).
• Et les droits d’auteur ?
- Les droits ? Cela fait au moins 8 ans que je n’ai pas mis les pieds au BURIDA. Je ne sais pas ce qui s’y passe.
• Tu es aussi à la SACEM ?
- Oui, je suis à la SACEM et au Burida. Mais, il faut aller en France et cela fait cinq ans que je n’y suis pas allée. Comme vous le constatez, je vis vraiment de la manne, quand elle descend du ciel (rires).
• Peut-être que la manne vient aussi de Monsieur...
Laissez ça là !
• Tu as dit dans une de tes chansons qu’à côté d’un grand homme, se trouve une grande dame. Donc, quand Chantal a mal au pied, Monsieur vient au secours. N’est-ce pas ?
- Oh, les femmes ne sont plus derrière. Elles sont à côté des hommes maintenant. Mais si la femme habite loin de son homme, ça devient compliqué hein! (rires).
• Il peut faire un transfert d’argent…
- (Rires) En tout cas, je vis de la manne. Voilà.
• Qu’en est-il de Bagnon 2012 ?
- On va certainement commencer les présélections de Bagnon 2012 en Juillet. Donc, on va d’abord sortir le Best of et après, on attaquera Bagnon.
• Optimiste pour ce Best of inédit ?
- Bien sûr et j’invite le public à écouter la musique comme dans les années 80. C’étaient des chanteurs à voix comme François Lougah, Bailly Spinto, Diago Strong, Nayanka Bell, Aïcha Koné, Reine Pélagie, Tchino Rems… On ne pouvait pas venir à la musique si on n’avait pas vraiment une voix. C’était un complexe. Maintenant, la donne a changé, mais il faut que le public réapprenne à écouter les morceaux chantés. Il faut qu’on revienne au chant. On a assez dansé, je veux chanter maintenant. Je veux qu’on m’écoute.
Par Eric Cossa & Omar Abdel Kader [email protected]