Un jour Yves Dauteuille digne héritier de Jacques Carelman, décide de vendre un tas de vieilleries sur le site leboncoin.fr, sans oublier d’ajouter une touche personnelle dans les annonces, d’envelopper l’objet avec des mots. Il va même plus loin en publiant sur son propre espace. C’est le succès, le buzz. Aujourd’hui il vient nous présenter son recueil, un véritable objet, publié chez Flammarion. Je t’engage vivement à découvrir son site, découvrir cette poésie qui en transpire, et posséder son livre.
Je tenais à le remercier pour sa gentillesse et sa réactivité pour cette entrevue.
Comment est née cette envie des petites annonces, cette façon décalée de présenter des objets ?
Sans la moindre préméditation : j’ai réellement eu besoin de vendre un tas de vieilleries qui m’encombraient, en commençant par un banal fauteuil Ikea (tous mes amis avaient le même quand j’étais jeune). J’ai fait « un pas de côté » dans la rédaction de cette annonce, puis dans les trois ou quatre suivantes. Devant les messages d’encouragement, provenant des acheteurs mais surtout des lecteurs de ces petits « sketches », j’ai poursuivi mon vide-grenier en le transformant, au fil du temps, en exercice d’écriture.
Il se dégage une certaine poésie dans les textes qui accompagnent la description des objets, comment se fait le choix du produit, à l’instinct ou avec une grande réflexion ?
Au départ, il n’y avait aucun « choix », puisque je me contentais de décrire les objets au fur et à mesure que je les exhumais de ma cave. Mais je dois avouer que des amis m’ont aussi confié des « pièces de collection » à vendre, comme un steppeur, des chaussures taille 48, une table à langer… Quant à la poésie, ce n’est pas à moi d’en juger. Je crois qu’elle naît d’une « lecture différente » du quotidien. Si par exemple j’observe qu’un classeur à archives comporte un trou, j’y vois un passage pour les souris, afin de détruire les factures indésirables.
Plus l’objet est banal, insignifiant, plus les mots peuvent venir à son secours pour lui donner une chance d’exister autrement.
Dans un autre genre, Carelman avait créé un magnifique « catalogue des objets introuvables ». Mes objets à moi sont « trouvables », mais sont livrés dans un emballage verbal.
Tu as connu un vif succès sur le net, est-il possible de s’attendre à un tel succès ?
Le « buzz » sur internet est par nature imprévisible, sauf si l’on diffuse par exemple la seule vidéo de Bernard-Henri Lévy faisant du monocycle. De plus, ce n’est pas une fin en soi. J’y ai surtout vu l’occasion de correspondre avec des milliers de personnes partageant une même forme d’humour et un certain goût pour les mots.
Tu publies aujourd’hui chez Flammarion « la collection » un recueil de tes publications. C’était une envie particulière, comment est né ce projet ? Les lecteurs vont-ils trouver des inédits ?
C’est à travers les annonces que j’ai eu la chance d’être contacté par une professionnelle de l’édition, Fabienne, qui m’a encouragé à publier et m’a permis de rencontrer un agent littéraire (Anna), puis Flammarion. Sans ces deux personnes formidables, je ne serai jamais allé au bout du projet. Le recueil comporte effectivement des annonces inédites …dont celles du livre lui-même. On y trouve aussi des annonces disparues de la toile, car publiées au début de l’histoire. Je remercie d’ailleurs les responsables du site Leboncoin.fr, qui ont accueilli avec bienveillance mes divagations sur leur site.
Pour moi, la publication est « la cerise sur le gâteau », surtout chez un éditeur de cette qualité. Mais j’y vois surtout l’occasion d’écrire d’autres choses, car je ne peux pas passer ma vie à vendre mon grenier !
Petit exercice de style pour mieux te découvrir, façon « Les annonces d’Yves Dauteuille », à toi de te décrire, il est comment et il fait quoi Yves en dehors d’avoir eu une très belle idée et d’en éditer aujourd’hui un recueil ?
Il chausse du 42, mesure 1,69 m, a une capacité pulmonaire lui permettant de souffler une bonne cinquantaine de bougies à son anniversaire, et travaille dans une agence de communication.
Il vit heureux auprès de sa compagne dans un grand château T3 et se promène avec elle dans les montagnes, parmi les chamois joyeux et les marmottes espiègles. Il n’a pas beaucoup d’enfants, mais une fille super rigolote qui s’appelle Juliette et chausse du 39.
Où se procurer le bouquin, des dédicaces etc… ?
Rien de plus simple : en librairie ! Ou, si votre libraire est vraiment désagréable (ça m’étonnerait), sur les sites de vente en ligne comme Amazon, Fnac.com, Decitre…etc.
Pour les dédicaces : Le 9 juin à la librairie Birmann de Thonon (17 h) et peut-être en août sur une plage de l’Ile de Houat (Morbihan), s'il n'y a pas trop de vent.
La collection
Yves Dauteuille
96p. 12€ Flammarion.