Le député UMP peut perdre son mandat mais aussi créer la surprise, tant son socle est minoritaire, mais très présent aux élections, et que c’est l’inverse pour le maire PS lui aussi candidat à la députation. Je suis même persuadé qu’au fond ils échangeraient bien leur poste, G Mothron parle tellement de la situation locale pour cette élection nationale, au-delà de ce qui est opportun, puisque cela permet certes une critique de son opposant, mais l’on sent que l’élection perdue la plus difficile à digérer pour lui est celle de la mairie d’Argenteuil.
Je lis parfois les blogs politiques locaux, je suis un peu déçu par le niveau de cette campagne qui ne laisse pas d’inquiéter sur la vision des uns et des autres. Seul celui du MODEM échappe à ce naufrage. On a l’impression de règlements de compte intenses entre seconds couteaux, de bagarres internes à la mairie et dont le sens m’échappe. Peut-être des querelles de personnes, mais qui, pour moi qui ne passe pas mes journées dans ma ville, me semblent bien picrocholines.
Le réalisme en politique est de tenir compte d’un rapport de force, comme d’une loi physique, et de ne pas annoncer de mesures qui en négligeraient l’existence. C’est sans doute ce que veut dire Bernard Tapie, quand il explique, parlant de Hollande, qu’il ne peut réussir notamment en raison de son honnêteté. L’honnêteté est dans son regard neuf, sa volonté de ne pas considérer que le jeu est fait, et que ceux qui ont installé précédemment Sarkozy doivent continuer de régner en sous-main. L’honnêteté est une fausse candeur, bien loin du réalisme qui consiste à respecter les pouvoirs acquis sans voir qu’ils peuvent aussi être remis en question, sans du moins le pressentir.
Je pense à cette brillante synthèse de Raphaelle Rérolle du monde, sur la France périurbaine.Le Français, cet _Homo periurbanus_, un thème longtemps occulté, que l’on a refusé de voir, et qui devient tellement prégnant Le constat, c’est que le centre des métropoles, où tout le monde travaille mais où personne n’habite vote plutôt à gauche. Autour, s’étend une banlieue avec de nombreuses personnes d’origine étrangère, mais plutôt pourvue en services publics, bien desservie, et qui bénéficie contrairement à son nom de ban-lieu d’une certaine centralité. Les autochtones ont fui cette zone pour se réfugier au-delà de la banlieue, entre blancs, que l’on qualifie euphémiquement de “classes moyennes” comme on dit des “jeunes” sous-entendu de couleur. La vie périurbaine semble une sorte d’emmurement, d’isolement, où la voiture est omniprésente, et incontournable. Ces classes se sont en quelque sorte séparés, malgré tous les coûts induits par l’éloignement.
Ce constat me remplit de pessimisme, car on a eu un discours lénifiant tenu par certaines associations dans les années 80, qui semble même avoir recouvert cette réalité, que tout le monde connait, mais que les medias n’évoquent que maintenant. Entre le branché parisien, les “évènements” de banlieue, les journaliste disposaient d’un terrain proche, facile à explorer, et riche en matériau médiatique. Les pavillons, cela parait toujours un peu clos, banal, avec une sociabilité réduite au barbecue. Souvent les pires drames familiaux surviennent dans les pavillons d’ailleurs. Le pavillonnaire n’existe que dans une caricature un peu simpliste, digne de Reiser.
Que va-t-il se passer si le prix de l’essence continue de grimper, du fait que c’est une énergie largement fossile ? ne faudra-t-il pas revenir vers une banlieue plus proche, avec un risque de surchauffe, si le problème du logement en région parisienne ne s’est pas réduit ? On me dire que l’Amérique est pavillonnaire, et que l’on dispose d’un modèle de vie tenable sur le long terme. Je n’ai pas pu habiter en pavillon, je ne voulais pas dépendre de la voiture, les travaux manuels ne me passionnent pas et constituent une contrainte pour moi, et je n’aurais pas voulu augmenter encore mes temps de transport. Je me serais plutôt vu dans une zone urbaine avec de nombreuses commodités, et une vie un peu plus marquante qu’à Argenteuil. J’ai vécu 15 ans dans différents quartiers de Paris, c’est ma seule vraie ville au fond, celle que je parcours encore avec plaisir, et qui n’a pas livré tous ses recoins au bout de tant d’années. Celle dont on espère toujours, mais qui semble toujours vous échapper parce qu’elle est au-dessus de presque tous les moyens.
Une bonne partie de mon temps est déjà passé, mon aspiration est plutôt d’un style de vie aux antipodes de celui de la banlieue, plutôt formé de sorties, de balades urbaines, de bistroquets et de restau conviviaux.
Pour en revenir à nos candidats locaux, chacun parle à une population spécifique, qui vit séparée, dans des quartiers différents. La question que je poserais à ces candidats, c’est est-ce que vous allez vous positionner sur votre électorat naturel, celui qui s’est séparé des autres, ou est-ce que vous allez essayer de parler à chacune des composantes de cette ville, pour caresser le but d’une hypothétique réconciliation, et d’un mélange plus harmonieux, plutôt que de cette sorte de développement séparé.
Oui, il me semble que la question est comment parler à chacun dans son fortin, pour le convaincre de lever les ponts-levis, plutôt que de camper sur des positions fantasmatiques.