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Dans les vignes de Lavaux avec des écrivains savoyards et vaudois

Publié le 03 juin 2012 par Francisrichard @francisrichard

Lavaux 5Hier l'Association vaudoise des écrivains, AVE  ici, avait invité la Société des auteurs savoyards, SAS ici, et des amis à une lecture en mouvement, en Lavaux, sur le thème de la vigne et du vin.

A partir de la petite gare de Saint-Saphorin, à midi au soleil, l'heure la plus chaude de ce printemps finissant, il s'agit pour une trentaine d'amateurs de textes et de lieux inspirés de marcher à travers les vignes.

Il fait grand beau. Le vert domine du côté des vignes, le bleu du côté des montagnes et du lac.

Lavaux 1
Quelques nuées donnent une petite touche blanche à ce tableau. Ces petites taches, cotonneuses, rassurantes et bienvenues, ne rappellent-elles pas que la perfection n'est pas de ce monde?

Dans le village de Saint-Saphorin, un mariage occupe la petite place prévue par les organisateurs, Sabine Dormond et Olivier Chapuis, respectivement présidente et vice-président de l'AVE.

Il faut donc reporter le moment de lire et d'écouter. Un arbre à l'ombrage bien nommé, sous lequel coule l'eau d'une fontaine, sert alors d'étape hospitalière pour les deux premières lectures.

Lavaux 2
Sabine Dormond lit un magnifique poème de Jacqueline Thévoz, composé pour se faire pardonner son absence de ce périple. Dans lequel elle boit à la santé des marcheurs et où son patronyme rime opportunément avec Lavaux. 

Catherine Gaillard lit une nouvelle de son cru, dans laquelle elle raconte comment une vigne se vit mystérieusement épargnée, alors que, tout autour, sévissait le phylloxera.

La marche reprend sous l'impression d'un soleil de plomb, par des chemins qui bornent les célèbres vignes en terrasses, qui administrent la démonstration que la nature n'est jamais si belle que lorsqu'elle est aménagée de main d'homme.

Lavaux 3
A la halte suivante, dans une nouvelle pleine d'humour, Thierry Coulon fait intervenir des extra-terrestres, dont le regard neuf et distancé sur notre planète permet d'être critiques, comme un Persan ou un Huron purent l'être avant eux. 

Ces colonisateurs s'attribuent volontiers des patronymes du coin, tels que Gamay, Chasselas ou Pinot, et se résolvent, à défaut d'étendre la culture de la vigne sur toute la Terre, à la transplanter sur leur planète.

En contre-bas du village de Chexbres les marcheurs s'arrêtent après une nouvelle marche, éprouvante pour les moins alertes. Seule une partie d'entre eux peuvent, à l'ombre d'un mur de propriété, écouter les deux lectures suivantes.

Lavaux 8
Olivier Chapuis a choisi de donner la parole, bien interprétée, à un vigneron ignare et fier de l'être, qui emploie un étudiant en lettres lors d'une vendange tardive. Finalement, ce rustre ridicule se moque, à tort, de ce jeune, qu'il croit définitivement bouché...

Une récente lecture de La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau, a inspiré Rémi Mogenet qui a écrit un texte savant et poétique sur Lavaux et le vin, d'autant plus méritoire qu'il ne boit que de l'eau...

Au bout du chemin se trouve, à l'entrée de Rivaz, la dernière halte avant dégustation et buffet, sous l'ombre tutélaire d'un arbre compatissant.

Lavaux 6
Bruno Mercier lit deux poèmes, l'un ayant pour sujet douze apôtres en Bourgogne, l'autre des chevaliers des temps modernes, chevauchant des quads à travers les vignes.

L'héroïne de la belle nouvelle d'Hélène Dormond a hérité  d'une vigne en Lavaux. Un voisin vigneron, au fort accent vaudois, très intéressé à la reprendre, produit une piquette immonde et la fait goûter avec orgueil à l'héritière dont il apprend in fine qu'elle est oenologue...et non pas secrétaire.

La récompense se trouve au bout du chemin, au Clos des Abbayes ici, où les pèlerins de l'écriture peuvent s'abreuver enfin tout à loisir. Le maître des lieux fait déguster son blanc éponyme, bien frais, puis un rouge sous le label de Dézaley Grand Cru et, pour finir en beauté, un Chardonnay... De quoi contenter les papilles les plus rétives.

Francis Richard

Les textes de cette promenade littéraire seront reproduits dans Sillages, la revue de l'AVE, qui paraît les 15 avril et 15 octobre de chaque année et qui est en vente chez Payot, à Lausanne et à Montreux. 


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