« Je m’appelle Laura Guerrero, j’ai 23 ans et je rêve de représenter la beauté des femmes de mon État. » Elles sont nombreuses, ces jolies abeilles, à tenter leur chance au concours de Miss Baja-California (Basse-Californie) et plus que le prestige, c’est surtout l’appât du gain qui les attire ; car dans les faubourgs de Tijuana rivalisent pauvreté et corruption. Laura est l’une d’elle, mais au mauvais moment au mauvais endroit, elle se retrouve impliquée dans un règlement de compte. Survivante mais témoin, elle doit maintenant choisir son camp : servir ou mourir. La pauvre prétendante au titre de « Miss Baja » se change brutalement en « Miss Bala » (balle/munition en espagnol).
Gerardo Naranjo est assez peu connu du grand public. Dans ses précédents films, il se revendiquait à tort ou à raison de Godard. Pour Miss Bala, qu’il considère comme son « vrai » premier film, il a au contraire cherché à se libérer de toute influence cinématographique. « Je n’en voulais aucune ! » affirme-t-il dans un entretien accordé à Excessif, « Je voulais créer un environnement mental, sensoriel, par des moyens purement visuels. En revanche, je ne voulais absolument pas tomber dans les travers des films politiques, paraître trop frontal ou m’abîmer dans la démagogie. Par-dessus tout, je ne voulais aucune référence à d’autres films. » Une approche volontairement décalée qui vaudra au film d’être retenu dans la section « Un certain regard », lors festival de Cannes 2011
Si elle n’est pas venue de ses prédécesseurs, l’inspiration est née d’un fait divers : la chute d’une miss accusée de complicité avec un cartel de narcotrafiquants. Par soucis de justesse, il a tenu à rencontrer la jeune femme et même certains des criminels, « Elle semblait totalement paranoïaque et prisonnière de ses angoisses, prostrée de peur. » En dépit d’une innocence peut-être exagérée (l’héroïne, en grande sœur modèle, ne veut gagner ce concours que pour permettre à son jeune frère de faire des études), Stephanie Sigman incarne parfaitement cette grande fille paumée au milieu des cartels de narcotrafiquants et qui ne comprend rien à ce qui lui arrive. Naranjo place sa jolie victime dans un décor typique de thriller, entre des méchants violents et manipulateurs et des flics corrompus jusqu’à la moelle. Pourtant, aussi loin que va le cliché, il ne fait qu’approcher la réalité du Mexique actuel, où le trafic de drogue tue plus de 35 000 personnes depuis 2006, comme le rappelle le carton final.
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