genre: drame
année: 1976
durée: 1h50
L'histoire: Joseph Bouvier, un ancien sergent d'infanterie réformé en raison de ses crises de violence, abat sa fiancée qui veut le quitter et tente de se suicider. Elle survit et lui aussi. Esprit simple et exalté, il devient vagabond lorsqu'il est libéré de l'asile. Il parcourt les villages en égorgeant et en violant des bergères. Un juge de province le suit à la trace et finit par obtenir son arrestation.
La critique d'Alice In Oliver:
Pour l'anecdote, Le Juge et l'Assassin, réalisé par Bertrand Tavernier en 1976, est inspiré de faits réels et notamment du cas de Joseph Vacher, qui a assassiné plus d'une vingtaine de personnes à la fin du XIXème siècle.
Au niveau du casting, Le Juge et l'Assassin réunit Michel Galabru, Philippe Noiret, Jean-Claude Brialy, Isabelle Huppert, Renée Faure, Cécile Vassort et Yves Robert.
Pour sa performance, Michel Galabru sera justement récompensé par le César du meilleur acteur en 1976. L'acteur livre ici sa ou l'une de ses meilleures performances au cinéma. Michel Galabru interprète un certain Joseph Bouvier, un ancien soldat réformé et qui a sombré dans la folie.
Comme je l'ai déjà souligné, son cas s'inspire d'un meurtrier qui a réellement existé.
En l'occurrence, Joseph Bouvier parcourt les montages, viole et assassine des bergères. Un Juge (Philippe Noiret) veut à tout prix sa tête et parvient à le faire arrêter. Certes, Joseph Bouvier est un tueur en série.
Mais c'est aussi un personnage extravagant, seul, déchu, persuadé d'être élu par Dieu lui-même. Le portrait brossé par Tavernier est pour le moins ambigu puisque le cinéaste parvient à rendre cet homme attachant.
Ici, c'est donc le Juge qui apparaît comme un personnage détestable, carrièriste et à la recherche de la gloire et de la célébrité dans les journeaux et auprès de l'opinion publique. Pour avoir sa tête, le Juge doit convaincre que Bouvier n'est pas fou et qu'il est donc responsable de ses actes.
A partir de là, c'est une lutte acharnée qui s'engage entre les deux hommes. Pour parvenir à ses fins, le Juge est prêt à utiliser tous les moyens nécessaires.
Quant à Bouvier, il pense qu'il va retourner à l'asile. Via cette opposition de style et de personnalité, Tavernier varie les plaisirs.
Au fur et à mesure du film, Bouvier apparaît de plus en plus comme un être doué de sensibilité et finalement, d'humanité.
A l'inverse, le Juge symbolise une bourgeoisie intolérante, en guerre contre Zola et les défenseurs de la cause de Dreyfus, bourrée de préjugés moraux et prête à tout pour gravir les échelles de l'ascenseur social.
A partir de ces différents éléments, Bertrand Tavernier brosse le portrait d'une IIIème République vouée à sa propre perte.
Mais le film brosse d'autres thématiques intéressantes, notamment l'ambiguïté de la nature humaine. Le mal n'est pas forcément symbolisé par celui que l'on croit et qui est accusé d'être nuisible à la société.
Bref, un excellent film, porté par d'excellents acteurs, notamment le duo Michel Galabru/Philippe Noiret, qui fonctionne à merveille.
Note: 18/20