This Must Be The Place // De Paolo Sorrentino. Avec Sean Penn et Judd Hirsch.
En compétition au Festival de Cannes de l'an dernier, This Must Be the Place est sans conteste une grosse déception. Racontant l'épisode dépressif d'une star déchue du rock, le film déborde de
vanité jusqu'à finir par n'être que le reflet de l'égotisme de Paolo Sorrentino. Le réalisateur du correct Il Divo ne surprend pas dans cet enchaînement de grand n'importe quoi. Jonglant entre
poésie lourde et choc post traumatique, This Must Be the Place fini par rapidement ennuyer. Ce qui permet au film de ne pas être une totale catastrophe c'est évidemment la prestation de Sean
Penn, excellent. Mais le reste, aussi vide qu'une coquille rend le visionnage très pénible. Je me suis terriblement ennuyé devant ce film, qui tente tellement de choses à la fois que l'on
n'arrive même plus à connaitre son but final. Si la base de This Must Be the Place était bonne, le scénario est tellement involontaire et égoïste que je ne suis pas parvenu à adhérer au
propos.
Cheyenne est une ancienne star du rock. A 50 ans, il a conservé un look gothique, et vit de ses rentes à Dublin. La mort de son père, avec lequel il avait coupé les ponts, le ramène à New
York. Il décide de poursuivre, à travers l'Amérique, la vengeance qui hantait son père.
This Must Be the Place développe une histoire intéressant au premier abord : celle d'une star déchue qui tente de faire le bilan de sa propre vie grâce à un road trip et à une introspection sur
lui même. Sauf que malheureusement, le film ne va jamais au bout des choses, et il n'est pas aidé par la niaiserie ambiante de ses dialogues. Si le voyage est amusant durant ses premières
minutes, il agace bien trop rapidement. J'ai eu de la peine pour Sean Penn (croyez moi, je ne tente pas d'être le nouveau Joey Starr avec ces rimes) qui malgré son excellente performance a un
personnage creux comme tout, débitant des âneries à longueur de temps. Les relations que l'on tente de développer tout au long du film sont inutiles et ne permettent même pas de faire avancer la
machine qui se grippe une fois passé les dix premières minutes. Le voyage est donc de plus en plus pénible et le seul moyen de s'en sortir c'est 1h53 après… une fois que ce carnage est enfin
terminé.
Paolo Sorrentino tente de donner de l'envergure à son film, et c'est intéressant mais le traitement est bien trop boursoufflé et lourd pour que l'on s'intéresse à la beauté de la mise en scène
(qui est indéniable). Le film était ambitieux, mais il jongle entre bien trop de sujets à la fois pour que l'on tente de s'intéresser au tout, vrai gros bordel bavard. This Must Be the Place est
donc un film inachevé, qui aurait pu être tellement mieux avec un scénariste qui sait écrire de bonnes histoires mélangeant les genres. Paolo se démène sans problème avec un Sean Penn en forme
mais cela ne suffit pas du tout à sauver le film de la dérive dans laquelle il s'est rapidement fourré. Alors que This Must Be the Place aurait pu être parmi les rôles les plus surprenant de la
carrière de Sean Penn, il restera bien au placard, caché derrière des films bien plus surprenant comme Harvey Milk (si l'on prend parmi les derniers) ou Into the Wild (si l'on parle du Penn
réalisateur).
Note : 2/10. En bref, bavard et boursoufflé, malgré une mise en scène de toute beauté et un Penn prodigieux, le film ennui terriblement dans une escalade de propos vaniteux et
grossiers.