Après le Sud // De Jean-Jacques Jauffret. Avec Adèle Haenel et Sylvie Lachat.
Sélectionné parmi la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes de l'an dernier, Après le Sud est un film adapté d'un fait divers. Enfin, adapté est un bien grand mot puisque c'est assez
libre comme adaptation. Bref, Après le Sud est un film choral intéressant qui ne démérite pas grâce à son lot d'acteurs pas mauvais du tout. Mais l'ensemble manque vraiment de force et de
subtilité. Le plus fort propos du film ce sont les humiliations du quotidien (cette femme moquée pour son poids qui tente de perdre quelques kilos difficilement, ou encore de ce vieille homme qui
s'est battu tout sa vie pour avoir un tantinet de paix lors de sa retraite et qui va finir humilié). La fin arrive précipitée, choquante et surement aussi juste qu'il fallait. On ne s'attends pas
forcément à la mort de ce jeune homme, tué pour rien. La douleur est là, palpable et le film s'entiche vraiment de tous les sentiments qui prennent à la gorge.
Un drame moderne librement adapté d'un fait divers. Dans un après-midi caniculaire du sud de la France, quatre parcours se croisent : ceux de Stéphane et Luigi, deux cousins à peine sortis de
l'adolescence, de Georges, ancien ouvrier à la retraite, d'Amélie, la petite amie de Luigi, et d'Anne, la mère d'Amélie. Quatre vies quotidiennes semées de blessures, d'humiliations, de peurs et
de fatigue, qui convergent vers une tragédie.
Si le scénario de Après le Sud manque de surprises, et surtout manque d'une certaine unité, l'ensemble reste assez correct. Le film est ambitieux, et Jean Jacques Jauffret offre à son film la
sobriété dont il avait besoin. Ce que je regrette malgré tout c'est qu'il y a un manque de lien entre toutes les petites intrigues que l'on développe dans ce film. Le sujet est fort, mais il ne
saisi pas toujours les opportunités que l'on lui tend dans la main. On a donc un joli exercice de style, pas toujours réussi. Après le Sud est globalement correct, grâce à l'histoire de certains
personnages et ce sont les plus vieux les plus intéressants. En effet, ce sont les personnages les plus forts de ce film, ils ont un vécus et cela se ressent dans leur interprétation. J'aurais
adoré que l'on exploite encore plus tous les malheurs qui les frappent au fur et à mesure du film. Car sa sobriété permet de se laisser prendre au jeu.
Jean Jacques Jauffret est donc sobre dans sa manière de mettre en images cette histoire. Il ne prend pas non plus des pincettes et ne se gêne pas pour nous montrer la cruauté de la vieillesse,
aussi bien physique que psychologique. Si l'histoire est par moment saccagée par un côté un peu trop prévisible, le cast rattrape assez bien le coup. Le propos est donc développé avec des
dialogues qui arrivent par moment à étouffer les personnages et leur histoire. C'est dommage. Au final, Après le Sud n'est pas mauvais et reste un film intéressant mais il ne laisse pas
l'empreinte qu'il aurait dû dans le monde du cinéma français indépendant. Le voyeurisme est à la fois le plus grand défaut mais aussi la chose la plus fascinante dans le cinéma. J'espère que l'on
osera encore plus un jour, et que l'on évitera de nous prendre avec des pincettes.
Note : 5/10. En bref, un film choral efficace qui trouve tout son charme dans ses personnages les plus vieux, entretenus par une cruauté humiliante et voyeuriste correctement
instaurée.