Magazine Beaux Arts

Le film « Sur la route » de Walter Salles : voyage au bout de la route... (3/5)

Publié le 03 juin 2012 par Sheumas

Printemps au marais (8) [1600x1200]

Dean est un feu sur l’horizon, une figure à la fois torride et mélancolique, le « feu de croisement » de Sal qui allume, sur un coin de route, ses feux de position. Le réalisateur a choisi ce point de vue : il nous le montre captif, occupé à contempler Dean, (mauvais génie, figure idéale ?), capable de tout tenter, jusqu’au fond de l’ivresse. Finalement, Sal s’arrête au bord du précipice. Ce que Salles cherche surtout à nous montrer, c’est que Jack Kérouac veut écrire son roman à partir des expériences qu’il est en train de vivre... Que, même s’il est tenté par le bout de la route, « qu’importe, pourvu de trouver du Nouveau », il choisit de tout arrêter et de laisser s’évanouir Dean dans la nuit new-yorkaise.

   L’une des dernières images du film, très belle, c’est celle de Dean venu revoir son ami après une longue absence, Dean fatigué par la route, les nuits de débauche et de veille. Ce Dean là cède peu à peu la place au Dean que le papier ressuscite... Sal, bien habillé, un peu dandy à la Scott Fitzgerald, cette fois l’abandonne pour suivre des amis à un concert. Il embarque à bord d’une grosse Limousine et Dean reste là, hagard, sur le pavé de New-York. Mais dans la nuit qui suit la séparation, l’écrivain débridé s’empare enfin de ces brouillons qui ont ponctué son aventure et se met au travail, acharné, halluciné... travail non plus d’autostoppeur mais de mots stoppeur, d’images et de sons stoppeur...


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