Ah ! Ces étrangers. Pauvres. Venant en France bénéficier de tous les avantages de notre si généreux Etat-Providence. Les Sarkozy, Wauquiez, Le Pen et consorts nous le disaient bien : des profiteurs. Ne point leur donner de visa ni titre de séjour. Surtout pas de tourisme : ils s’incrustent. Sauf quand on s’appelle Maha Al-Sudaïri, épouse répudiée du prince hériter d’Arabie Saoudite. Forcément un traitement de faveur. Mais comme vous le lirez, certainement bien moins honnête que la grande majorité des immigrés venant tenter leur chance en France pour échapper à la misère et aux guerres.
Or donc, parcourant Google Actualités, mon attention fut attirée par ce titre Une princesse tente de quitter un palace sans payer la note (Elle 2 juin 2006) qui m’apprend que ladite princesse aurait tenté de quitter subrepticement dans la nuit de jeudi à vendredi le palace Shangri-La, situé sur la très rupine avenue d’Iéna à Paris où elle séjournait depuis le 23 décembre 2011. Excusez mon ignorance : je ne connaissais pas l’existence de cet hôtel de luxe. Sans nul doute un paradis pour riches quand bien même n’eût-il rien à voir avec la lamasserie utopique des confins de l’Himlalaya du roman « Lost Horizon » de James Hilton.
Je dois quelques explications pour mon titre qui risque de n’être pas compris par les plus jeunes ou les personnes me lisant de l’étranger - surtout si c’est une traduction !. « Déménager à la cloche de bois » - qui par définition ne fait pas de bruit - est l’équivalent de « filer à l’anglaise », c’est-à-dire sans payer sa note. On retrouve l’expression dans de nombreux romans du XIXe siècle et jusqu’après la guerre de 1939-45. Les pauvres, vivant souvent dans des « garnis » - encore une expression tombée en désuétude : hôtels meublés - ou autres taudis, et qui n’avaient pas ou plus les moyens d’acquitter leurs loyers et harcelés par leur proprio quittaient leur logis le plus souvent la nuit, emportant leurs quelques hardes et meubles parfois entassés sur une charrette à bras.
Mais dans l’histoire qui nous intéresse, la princesse Maha Al-Sudaïri - qui devait au palace la bagatelle de 6 millions d’euros ! - et envisageait de changer de crémerie (le Royal Monceau, aujourd’hui propriété du Qatar, pays ami de l’Arabie Saoudite) avait peu de chance de passer inaperçue : « la quinquagénaire était accompagnée d’une soixantaine de membres de son personnel particulier, chargés de dizaines de malles »…
En matière de discrétion, l’on fait mieux. La direction de l’hôtel a donc prévenu la police et les huissiers qui les ont empêchés de s’éclipser, en même temps qu’elle contactait l’ambassade d’Arabie Saoudite. Il faut dire que la princesse était précédée par une réputation de mauvaise payeuse : outre des chèques en bois, « en 2009 elle avait profité d’un voyage à Paris pour faire les boutiques sans s’acquitter des 15 millions d’euros qu’elle devait aux commerçants »…
Quand on vous dit que la vie des riches, ce n’est pas de la tarte