C'est un très beau colloque (et sur deux jours, à l'ancienne) qu'organise l'IRSEM les 6 et 7 juins prochains à l'auditorium Austerlitz du Musée de l’Armée, Hôtel national des Invalides. Avec des très beaux noms : Drévillon, Desportes, Reid, Colson, Sapir, Romer (et je ne parle pas des jeunes brillants qu'on voit également...). Programme ci-dessous.
Organisé par l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (IRSEM) en partenariat avec le Musée de l’Armée, ce colloque a pour premier objectif d’explorer les usages de l’histoire par la pensée stratégique, à travers le temps. Mais il se propose également de jeter un regard sur la situation présente où l’histoire a cessé d’être la référence unique de la pensée stratégique. Avec le développement des sciences humaines et sociales, elle n’est plus qu’une discipline parmi d’autres, qui nourrissent l’« expérience pratique » de la guerre. Ainsi débarrassée de la responsabilité de dicter sa loi au présent, l’histoire peut faire valoir sa spécificité, qui est d’être une pensée critique plutôt que le fondement des certitudes stratégiques.
Mercredi 6 juin Matin : 9 h – 12 h 30
- Introduction générale, par Hervé Drévillon
Aspects généraux et épistémologiques :
- Béatrice Heuser, professeur à l’université de Reading : « Théorie et pratique de la stratégie »
- général Vincent Desportes : « Incertitude et rationalité – le risque de l’histoire »
- Hew Strachan, professeur à l’université d’Oxford : « The place of history in understanding strategic change »
- Brian Holden Reid, professeur au department de War Studies du King’s College, Londres : « The works and legacy of Sir Michael Howard »
- David Guillet, directeur adjoint du Musée de l’Armée : « La stratégie au musée »
Après-midi : 14 h – 18 h, Époque moderne :
- Grégory Spourdos, assistant de conservation du Musée de l’Armée : « Expliquer la stratégie au musée »
- Hervé Drévillon, professeur à l’université Paris I, directeur de domaine à l’IRSEM : « L’humanisme guerrier à la Renaissance »
- Thierry Widemann, chargé d’études à l’IRSEM : « L’Antiquité dans la pensée militaire du XVIIIe siècle »
- Bruno Colson, professeur à l’université de Namur : « Histoire et pensée stratégique chez Napoléon »
- Patrick Bouhet, attaché principal d’administration au ministère de la Défense : « Les guerres du Premier empire : de l’instrumentalisation de l’histoire à l’objet d’histoire globale »
Jeudi 7 juin Matin : 9 h – 12 h 30 Autour des guerres mondiales :
- Pierre Jardin, chercheur au CNRS : « Hans Delbrück et le Strategiestreit »
- lieutenant-colonel Rémy Porte, chef du bureau ‘recherche’ du CDEF : « La prise en compte des conflits passés et récents par les futurs belligérants de la Grande Guerre »
- Benoist Bihan, ingénieur d’études au CNRS : « Réécrire la Seconde Guerre mondiale – L'instrumentalisation de l'histoire immédiate par la pensée stratégique pendant la guerre froide »
- Jacques Sapir, directeur d’études à l’EHESS : « Un exemple de la relation entre histoire et pensée stratégique : l’impact de la lecture historique des opérations de Mandchourie (1945) sur le développement des capacités tactiques de l’Armée soviétique à partir de 1972-1973 »
Après-midi : 14 h – 18 h Aspects contemporains :
- Jean-Christophe Romer, professeur à l’université de Strasbourg : « L’utilisation de l’histoire dans l’élaboration de la doctrine Sokolovski »
- colonel (air) Jean-Christophe Noël, directeur de domaine à l’IRSEM : « Trois utilisations différentes de l’histoire dans la stratégie aérienne : les cas de Douhet, Warden et Boyd »
- Pierre Journoud, chargé d’études à l’IRSEM : « ‘Conquérir les cœurs plutôt que les citadelles’ – histoire et stratégie au Vietnam »
- Élie Tenenbaum, assistant de recherche au LRD de l’IFRI : « Pour une histoire stratégique connectée – le cas de la circulation des savoirs contre-insurrectionnels en Occident pendant la guerre froide »