Dans le premier set, les deux rivaux se rendent coup pour coup, mais parviennent à conserver leur engagement jusqu’au jeu décisif. Plus relâché, Raonic appuie sur l’accélérateur, servant plusieurs fois au-delà des 220 km/h. Si sa première balle fait des dégâts, que dire de ses coups droits de mammouth qui laissent Monaco à deux mètres de la balle. Serein, le canadien tente et réussi quelques volées venues d’ailleurs pour empocher le tie-break 7 points à 5. « Pico » n’en démord pas. Éternel marathonien, il sait que le combat vient à peine de débuter. Menant 3-2 (service Raonic), il s’empare du service de son adversaire, fait la course en tête et remporte le second set 6-3.
Le troisième chapitre de ce choc titanesque est une quasi-copie conforme du premier, puisqu’aucun des deux protagonistes ne cède sa mise en jeu. Comme à la parade, le surnommé « Milhouse » rafle ce deuxième tie-break sur un score identique au premier (7-5). De quoi décourager Monaco ? Que nenni. Le combat, l’homme de Tandil adore ça. Monstrueux d’abnégation, il lutte sur chaque point, fait l’essuie-glace et sauve une pléthore de balles de breaks (0/11 pour Raonic sur l’ensemble de la partie). Surtout, le poulain de Gustavo Marcaccio profite de la moindre occasion pour s’engouffrer dans la brèche et fendre un tant soit peu la cuirasse du natif de Podgorica. A 2-1, il réussi un break décisif, synonyme de gain du set (6-3) puisque Raonic se montre incapable de refaire son retard.
Dès l’entame de la manche décisive, Monaco se procure deux balles de break. Si Milos chancelle, il ne rompt pas. Mais, émoussé physiquement, le grand espoir du tennis mondial demeure tributaire de sa première balle (79% des points gagnés lorsqu’elle est passée). Au fil des jeux, son service gicle moins sur l’ocre parisien et son de jambes s’enraye. Opportuniste, « Pico » lui ôte son engagement pour se détacher 3-1. Malgré quelques frayeurs, il tient jusqu’à 5-4 et s’impose sur sa troisième balle de match, un passing en bout de course de Raonic qui atterrit dans le bas du filet.
Une victoire à l’arrachée qui permettra à l’argentin de glaner des points précieux dans l’optique d’une remontée au classement ATP Race. Au prochain tour, il croisera avec le fer avec un certain Rafael Nadal (2), un mutant terrien qu’il n’a battu qu’une seule fois en quatre confrontations (abandon du majorquin au Masters 1000 de Cincinnati 2007). Un défi à la hauteur de l’exploit réalisé ce samedi par « Monsieur » Juan Monaco.
Maurice Neyra