Une pièce de Jean AnouilhMise en scène par Christophe LidonDécor de Catherine BluwalCostumes de Pascale BordetLumières de Marie-Hélène PinonAvec Sara Giraudeau (Jeanne), Olivier Claverie (Le Promoteur), Stéphane Cottin (Warwick), Marie-Hélène Danède (La mère de Jeanne, la Reine Yolande), Joël Demarty (Beaudricourt, Le Connétable), François Dunoyer (le père de Jeanne, l’Inquisiteur), Jacques Fontanel (Boudousse), Maëlia Gentil (Agnès), Bernard Malaka (Cauchon), Davys Sardou (Charles)
L’histoire : Jeanne d’Arc… Un mythe. Une jeune fille innocente et pleine de bon sens, diablement forte et courageuse… La petite bergère, seule, face à la justice des hommes, va revivre son épopée devant les juges. Avec son esprit aiguisé et son sens de l’humour, Jean Anouilh dresse, loin des représentations habituelles de Jeanne, le portrait d’une femme passionnée et éternellement moderne, devenue immortelle en incarnant la liberté, l’intelligence, la sagesse du peuple, l’indépendance face à la sottise bornée des puissants et des institutions établies dans leurs certitudes.
Mon avis : Quel bonheur que cette histoire de Jeanne d’Arc revisitée par l’œil, l’esprit et la plume aiguisés de Jean Anouilh ! C’est, à mon avis, une vision qui pourrait être la plus proche de la réalité tant les comédiens sont crédibles.
Cette pièce mérite d’être vue pour trois raisons essentielles.D’abord, il y a l’écriture de Jean Anouilh. Très moderne, elle allie le lyrisme à l’impertinence, l’émotion et l’ironie, le réalisme à l’irrationnel, la tragédie au burlesque. Et puis il y a l’aspect satirique. Les institutions, qu’elles soient politiques ou religieuses, sont très habilement brocardées. Les dialogues sont ciselés, sans fioritures ; les répliques sont cinglantes, sournoises, faussement ou franchement candides. Après Colombe (dans laquelle jouait déjà Sara Giraudeau), L’Alouette ne fait que confirmer l’immense talent de dramaturge de Jean Anouilh.
Autre morceau de bravoure, la rencontre à Chinon avec Charles. Et là, il faut saluer le brio de Davy Sardou. De pièce en pièce, ce jeune homme ne cesse de révéler un immense talent et ce, dans tous les domaines. Ici, il excelle dans la drôlerie. Il campe un futur monarque puéril, futile, craintif et irresponsable, plus porté sur la gaudriole et le bilboquet que sur les affaires de son royaume. Il est irrésistible. Sa confrontation avec Jeanne, l’opposition des styles, est un véritable bonbon que l'on savoure en souriant.Pendant près de deux heures, Sara Giraudeau est tout bonnement éblouissante. Elle a tout reçu au niveau des gènes et elle en fait le meilleur usage possible. Aujourd’hui, elle est devenue une incontournable de la scène française. C’est la quatrième fois que je la vois au théâtre, la quatrième fois que je suis bluffé et emballé. Elle sait absolument tout faire sans jamais donner l’impression de jouer tant elle s’approprie ses personnages.
Si, bien sûr, Sara Giraudeau tient la pièce sur ses charmantes épaules, ses neuf partenaires sont largement à la hauteur pour nous offrir un grand et beau moment de théâtre. En tout cas, Jean Anouilh aurait été sacrément fier de cette Alouette-là…