Les amateurs de jeux de rôle japonais à l’univers décalé ne peuvent pas ne pas connaître la grande série des « Megami Tensei ». Apparu pour la première fois en 1987, le studio Atlus nous avait pondu une adaptation NES d’une série de livres de science-fiction mêlée d’horreur répondant au nom de Digital Devil Story : Megami Tensei. Puis s’en est suivi tout une ribambelle de jeux comme les Devil Summoner, Persona ou encore Catherine, sorti récemment.
C’est en 2008 que Persona 3ème du nom débarqua sur notre territoire sur la précédente console de Sony, à savoir la Playstation 2. Répondant au nom de Persona 3 : FSE, il s’agissait là d’une version améliorée du Persona 3 d’origine comportant deux modes distincts : l’aventure originale agrémentée de nouveaux ajouts, et un donjon inédit censé apporter toutes les réponses au scénario de Persona 3. Cet épisode fût grandement apprécié par les connaisseurs du genre et par la critique notamment pour son background solide, les nombreuses interactions sociales proposées, la richesse du système de fusion ou encore sa durée de vie béton. Persona 3 nous revient désormais sur PSP dans Persona 3 Portable et offre son lot de surprises en plus.
Persona 3 : Kezako ?
Pour faire un petit topo de l’histoire rapidement : Persona 3 met en scène un groupe de lycéens capables de passer dans une dimension parallèle dénommée la « Dark Hour ». Cette dimension enveloppe le monde réel toutes les nuits à minuit et le plonge dans les ténèbres, transformant les êtres humains en cercueils et laissant place à des créatures aussi immondes que vicieuses appelées « Shadows ». Pour combattre ces créatures, chaque lycéen possède une « Persona » une entité qui représente la personnalité de son détenteur, et qui possède de grands pouvoirs magiques permettant de combattre les démons. Pour invoquer sa Persona, chacun d’entre eux est muni d’un « Evoker » semblable à un pistolet et doit se tirer une balle dans la tête. Le procédé fit d’ailleurs scandale au Japon compte tenu du taux de suicides record chez les jeunes.
Si le joueur ne pouvait incarner qu’un lycéen dans la précédente version, ce portage de Persona 3 sur PSP offre la possibilité de jouer une lycéenne. Cette possibilité est loin d’être un simple gadget puisque qu’il offre une vision de l’aventure tout à fait différente. Non seulement les événements pourront être abordés du point de vue féminin, mais il sera aussi possible de se créer des liens sociaux impossibles dans la version masculine. Car oui, Persona ne se cantonne pas qu’au dungeon RPG pur et dur. Il intègre également une simulation de vie sociale qui suscite un véritable engouement au pays du soleil levant.
Un autre point que les inconditionnels ne pourront passer outre est inévitablement l’aspect visuel du titre. En raison des restrictions de la console portable de Sony, les développeurs de chez Atlus ont dû faire bon nombres de concessions. Alors que les épisodes sur PS2 nous laissaient déambuler dans un univers en 3D, ici le jeu prend la forme de tableaux dans lesquels on déplacera un curseur pour interagir avec les personnages et activités disponibles ou bien pour changer de lieu. Fort heureusement, la règle ne s’applique pas lors des phases d’exploration des donjons.
Des donjons peu passionnants…
L’exploration du lycée pendant la « Dark Hour » est malheureusement toujours aussi soporifique. On enchaine les étages dans des labyrinthes en 3D sans saveur et dont le level design est tout bonnement simpliste. Les Shadows y sont représentés sous la forme d’une masse visqueuse grisâtre que l’on pourra aisément éviter si le cœur nous en dit. On trouvera quelques coffres ainsi que des téléporteurs mais globalement, la formule commence à dater. Heureusement que les combats restent assez tactiques pour ne pas plonger dans un profond sommeil.
Se déroulant au tour par tour, vous pourrez former une équipe jusqu’à quatre membres pour explorer l’école, chaque élève ayant sa propre persona avec ses propres caractéristiques. A l’instar d’un Pokémon (v’là la comparaison), les Shadows seront plus ou moins voire nullement sensibles à certains types d’attaques dont les Persona sont capables (Feu, Vent, Glace, Foudre, Lumière, Noirceur, Frappe, Epée, Flèche). A vous donc de trouver leurs points faibles grâce aux facultés de certains de vos coéquipiers. La possibilité de pouvoir contrôler ses alliés manuellement est un plus non négligeable tant l’I.A. est à la ramasse, contrairement à celle des ennemis qui est redoutable. Parfois se produira un « Shuffle Time » après certains combats. Ce présentant sous forme d’un mini-jeu, il vous faudra piocher une carte pouvant vous rapporter de l’argent ou des points d’XP supplémentaires, régénérer votre vie ou votre mana ou encore accéder à une nouvelle Persona. Il existe environ 170 Personas à récupérer et à fusionner dont quatre Personas inédites.
Pimp my Persona.
Qui dit RPG dit aussi customisation. En effet, si il est possible d’acheter des armes, armures et autres objets pour booster ses compétences via les shops du centre-ville, vous pourrez fusionner les Personas collectées entre elles dans la Velvet Room. Plus le rang de lien social correspondant à l’arcane de la Persona nouvellement créée est élevé, plus la Persona reçoit un grand nombre de points d’expérience supplémentaires. Pour augmenter vos rangs, il vous faudra donc tisser des liens avec une vingtaine de personnages-clefs, chacun d’entre eux étant représentés par une des Lames du Tarot. Il sera d’ailleurs même possible d’accéder à des quêtes annexes dans la fameuse « salle de velours », en parlant à l’hôtesse Elizabeth. Pas bien originales, elles consistent à trouver tel objet ou vaincre tel monstre en arpentant les différents étages du donjon. Cela a néanmoins le chic de rallonger la durée de vie.
Adieu vie sociale.
Le jeu se déroulant sur toute une année scolaire, il vous faudra donc gérer plusieurs situations : Aller en cours, étudier, faire vos devoirs ou non, faire partie d’un club, trainer avec vos camarades de classe… Bref, tous vos faits et gestes auront un impact sur le déroulement du scénario. Autant dire qu’il y aura de quoi vous occuper des centaines d’heures. Si on met de côté que le jeu est entièrement et uniquement traduit en anglais, on ne pourra que trop regretter l’absence de l’épisode final « The Answer » présent sur la version FSE et apportant toutes les réponses au scénario de Persona 3. De ce fait, ce Persona Portable ce destine en priorité à ceux et celles qui ont déjà eu la chance de touché à la version PS2. N’empêche, Persona 3 n’en reste pas moins un pur régal et saura vous rendre accro pour peu que vous aimiez le genre, soyez à l’aise avec la lange de Shakespeare et appréciez la culture nippone.
Conclusion : 8/10
Un jeu culte enfin sur la portable de Sony. Apportant quelques nouveautés et changements dans son gameplay, on ne pourra que trop regretter l’absence de l’épisode clef de Persona 3 : FSE, « The Answer », apportant toutes les réponses et précisions sur le scénario complexe de cet opus. Persona 3 Portable n’en reste pas moins un excellent cru pour les amateurs de dungeon crawling et de simulation de vie sociale 100% Japonaise.
Persona 3 Portable (PSP), 9.0 out of 10 based on 1 rating