Dès les premières images, c’est la route qui prend la vedette, c’est elle que tous dévalent à toute allure. La route droite qui s’enfonce vers l’ouest, la route que les sandales usées martèlent « Sandales tellement pleines de champignons que, si on les plantait, elles pourraient pousser » plaisante un autre stoppeur... Le pas de l’auto-stoppeur s’accélère, la cadence redouble, l’ombre du sac à dos gigote, la portière d’une Cadillac claque. Sal s’installe, discute, redescend, fume un joint, lit trois pages, écrit trois mots, nouveau lift, saute à l’arrière d’un pick-up, discute avec la clique des gens de la route, « on the road ! »... Clac clac de la Remington. Le clavier saisit des mots, ce qu’ils appellent « le it », musique, rythmes, volutes, vapeur, alcool, marijuana, « substances », LSD, jazz, sexe, moteur, vitesse, tête à l’envers, jambes en l’air, noms de lieux, du côté de Denver, du côté de Frisco, Marcel Proust posé en évidence sur le tableau de bord, « Swan’s Way »...
« My name is Sal, I’m going to Denver »... New York - Denver - San Francisco - New -Orleans - Mexico. La route accomplit une capricieuse rotation vers des lieux de promesse. Au début de l’histoire, Sal a perdu son père et Dean cherche le sien. Quête du père spirituel, quête d’une famille décomposée, sans cesse recomposée. Dans un autocar, Sal rencontre Terry, « la petite Mexicaine » et dans la voiture de Dean, c’est la vicieuse Marilou, vampire adorable (à laquelle Kristen Stewart prête ses traits et ses veines palpitantes), qui trône et impose sa loi : à bord de cet espace de fortune, un moteur entre les jambes, un volant dans les pattes et sous la jupe, tous les coups sont permis.