La Colombie a connu ces dernières années de nombreuses libérations chargées d’émotions aussi véritables que médiatiques. La mise en scène d’enfants, de partenaires de parents serrant très fort dans leurs bras, comme pour rattraper le temps perdu loin de leur cher et tendre est très courante. Ces ex-otages veulent raconter au monde entier le drame qui leur a volé une part de leur humanité et font une description déchirante des mauvais traitements infligés par leurs tortionnaires.
C’est certainement pour cette raison que le journaliste français Roméo Langlois, détenu par les Farc depuis le 28 avril, a été sujet à de vives réactions sur les réseaux sociaux. Beaucoup ont exprimé leur stupéfaction à l’écoute des déclarations du journaliste. Certains sont même allé jusqu’à insinuer qu’il était loin d’être otage mais faisait plutôt du « tourisme de l’extrême ». Il a été fait prisonnier par un commando Farc alors qu’ils tendaient une embuscade à l’armée colombienne en pleine opération anti-drogue. Le chef de la guerilla colombienne confirmait quatre jour après la capture du journaliste que ce dernier était blessé et qu’il était un « prisonnier de guerre » de l’organisation clandestine.
Roméo Langlois s’est défendu face à ces déclaration qu’« il n’avait pas besoin de cette expérience pour connaître le conflit colombien, ni pour connaître la guérilla ». Il précise également que les guérilleros ne l’avaient jamais attaché, qu’il avait été nourri aussi bien que possible et que ses gardiens s’étaient toujours montrés « respectueux » et l’avaient traité « plutôt comme un invité ».
Le journaliste a assuré ne pas avoir été maltraité. Cependant, il a lâché quelques remarques incisives à l’intention de tous les acteurs mêlés à sa captivité qui, selon lui, « a suscité un jeu politique tous azimuts ». Une allusion facile à décoder. Pendant sa captivité, les Farc ont formulé diverses propositions, notamment l’ouverture d’un débat national sur la couverture du conflit par les médias, ce à quoi des représentants du gouvernement Santos, de l’armée colombienne et de la justice ont répondu que les Farc cherchaient de nouveau une plate-forme pour faire leur show médiatique.
La libération du journaliste, qui a rejoint Bogotá mercredi 30 mai au soir, marque une victoire de la mission humanitaire, mais elle est aussi synonyme de tranquillité pour le gouvernement Santos, qui vient de surmonter un problème qui dépassait ses propres frontières. C’est également un succès diplomatique pour le président français François Hollande, qui a réussi sa première mission internationale en ramenant au pays un de ses citoyens.