La loi VAWA (Violence Against Women Act) demeure la principale loi fédérale américaine qui garantit des protections et des prestations juridiques aux victimes de violences et de harcèlement. Elle offre une base juridique aux différents services dédiés aux victimes tels que les centres de crise pour les victimes de viol, les logements temporaires pour les personnes ayant subi des violences familiales, ou encore les programmes de lutte contre les violences faites aux personnes handicapées. Depuis sa première adoption en 1994, la loi contre les violences faites aux femmes a vu son champ d’application s’étendre pour inclure d’autres populations, dont les immigrants.
Mais cette année, le 16 mai dernier, la Chambre des Représentants à majorité républicaine ont voté un projet de loi qui vide de toute sa substance la loi VAWA.
Meghan Rhoad, chercheuse pour les droits des femmes à l’ONG Human Rights Watch, s'inquiète :
« Pendant dix-huit ans, la Loi sur les violences faites aux femmes a constitué la pierre angulaire de la politique du gouvernement américain face au problème des violences infligées aux femmes. La loi est maintenant à la croisée des chemins : va-t-elle continuer d’évoluer et de s’améliorer, comme le prévoit la version du Sénat, ou sera-t-elle amputée de certaines de ses plus importantes dispositions protectrices si c’est la version de la Chambre qui l’emporte ? »C'est là une des attaques des républicains les plus traditionnels dans ce qu'on appelle, de l'autre coté de l'Atlantique, "la Guerre contre les Femmes"
Le Wisconsin a abrogé le Equal Pay Enforcement Act qui dissuadait des employeurs de pratiquer des inégalités salariales dans un Etat où les femmes gagnent en moyenne 75 centimes lorsque les hommes gagnent 1 dollar pour le même travail.Les ultraconservateurs s'attaquent à l'avortement qu'ils ont rendu quasi impossible à obtenir dans quatorze États. Leur combat englobe désormais la contraception qu'ils veulent interdire. - Au Kansas, une loi autorise désormais les pharmaciens à refuser de vendre à une femme les contraceptifs prescrits par son médecin. Il peut aussi confisquer l'ordonnance pour empêcher la cliente d'aller se fournir ailleurs.
- 5 États ont voté une loi permettant à un employeur d'exclure la prise en charge de la contraception dans le programme assurance santé offert à ses salariés.
- En Ohio, une loi permettrait de restreindre drastiquement l'utilisation d'un stérilet accusé par les ultraconservateurs d'empêcher la fécondation. Ils souhaitent, en effet, enlever tout obstacle à la fécondation. Une lectrice d'un blog consacré au sujet fait ce commentaire, non sans humour :
"Retirer un pénis de mon vagin empêchera un embryon de s'implanter dans mon utérus. Dois-je donc comprendre que la législature de l'Ohio considère l'absence même momentanée d'un pénis dans mon vagin comme illégale ? Si tel est le cas, cela va être dur à expliquer lorsque je vais faire mes courses au supermarché..."
- En Géorgie, un projet de loi propose d'inculper de crime les femmes victimes d'une fausse couche si elle sont dans l'incapacité de prouver qu'elles ne l'ont pas provoquée.
- En Indiana, une loi pourrait forcer les médecins à déclarer à leurs patientes qu'un avortement peut causer un cancer du sein.
- Sept Etats des Etats-Unis obligent les femmes souhaitant avorter à passer une échographie la veille de l'avortement, en vertu de la loi pour « aider les femmes à prendre une décision bien informée ». Or, ce procédé impose au médecin de proposer à la femme concernée de voir l'image du fœtus et d'entendre les battements de son cœur pendant que lui-même le décrit.
Je pourrais ainsi continuer la liste mais je vous laisse aller voir mes sources. C'est édifiant.
Il se trouve quelques voix pour s'élever et protester.
- La sénatrice de Virginie Janet D. Howell a proposé un amendement (rejeté !!!) qui aurait obligé les hommes réclamant un médicament traitant leur dysfonction érectile à se soumettre à un examen anal. Elle arguait l'égalité de traitement homme-femme, un tel examen étant aussi coûteux et inutile que l'échographie précédant l'avortement.
- Une conseillère municipale d'une ville du Delaware, Loretta Walsh, a proposé une résolution accordant le statut de "personne" au spermatozoïde. "Si un ovule est une personne ayant les mêmes droits qu'un être humain à part entière, le sperme de l'homme devrait être traité de la même façon."
- La sénatrice Constance Johnson (Oklahoma) a proposé que chaque éjaculation gaspillée au lieu d'être déposé dans le vagin d'une femme devra être interprêtée comme un acte contre un enfant possible et pas encore né. "Chaque goutte de sperme est sacrée" est le nom de son amendement en hommage au sketch des Monty Python.
Wake up America !
P.S. : J'ai passé sous silence la déclaration du milliardaire Foster Friess, bailleur de fonds de la campagne de l'ex-candidat Rick Santorum. Il préconise pour les femmes l'utilisation d'un cachet d'aspirine tenu entre les genoux comme moyen contraceptif peu onéreux !
Sources : Rue89, Slate, Courrier international, Monty Python
Merci Cam...