Avec moonrise kingdom, wes anderson se fait plaisir

Wes Anderson est un réalisateur américain connu du grand public. Sa popularité, désormais plus grande que sa hipe, fait qu’on l’attend au détour de ses petites manies, de ce style qu’on connait trop bien, à force d’avoir visionné encore et encore « La famille Tenenbaun », « Rushmore » ou « La vie aquatique » :

• une photographie argentique avec du grain;
• des plans intelligents, à la fois fixes puis rapides;
• des comédiens à contre-courant;
• un amour pour le français Jacques-Yves Cousteau;
• des scénarios qui se révèlent être des contes.

Comme « Moonrise Kingdom » était de sortie, qui plus est présenté en ouverture du Festival de Cannes, tout le monde était aux aguets. Et avec Bruce Willis, Edward Norton et Bill Murray, voilà qu’on avait l’occasion de profiter d’un casting foutrement peu ordinaire pour un réalisateur « indépendant ». Pas d’Owen Wilson – son compagnon de route depuis ses premiers pas au cinéma – à l’horizon, ni à l’écriture ni devant la caméra, et ce pour la première fois.

Un cocufié, un débordé, un blasé

Bill Murray en chef de famille cocufié, Bruce Willis en flic blasé et Edward Norton en chef scout débordé, voilà le topo de l’histoire côté adultes, toujours dépassés par leurs rejetons. Car côté gosses, Wes Anderson magnifie une histoire d’amour entre un scout et une gamine sans repère familial. Sur une petite île, les enfants mettent à sac les petits travers de leurs parents.

Sur le fil d’équilibriste de l’auto-parodie, Wes Anderson impressionne toujours autant : il réussit à maîtriser « Moonrise Kingdom » de bout en bout grâce à un travail d’orfèvre. Aucun plan n’est de trop, aucune situation n’est à jeter, l’ensemble de ce petit conte, aux ramifications scénaristiques intelligentes, est à prendre. Et en plus, le réalisateur remet au goût du jour François Hardy et son « Le temps de l’amour ». Chapeau.