1er juin / L'homme qui n'avait pas une minute à perdre 3/3

Par Blackout @blackoutedition
1er juin L'HOMME QUI N'AVAIT PAS UNE MINUTE à PERDRE 3/3 Stan, proche de la prostate se leva pisser. Il pissait souvent, cela justifiait ses va-et-vient. Comme sa mémoire était bouffée par les cachets, il se demandait en se lavant les mains ce qu'il foutait dans la salle d'eau. Stan avait donc la bougeotte, et, de fait, il égarait tout, et le retrouvait au moment où, désespéré il cessait de chercher, ce qui lui rappelait une somptueuse ineptie qu'avait sorti son ex-collègue de bureau à propos d'un dossier égaré : c'est toujours au dernier endroit qu'on cherche qu'on trouve. Stan le haïssait fermement. Stan haïssait le monde entier. A vingt-cinq ans je me mariai. Connement, nous vivions ensemble depuis deux ans de quelle utilité était ce bout de ferraille en platine irrigué qui cernait nos doigts ? J'ai pris dix ans d'un coup. Puis nous fîmes les deux plus beaux enfants du monde et qui nagent tout seul aujourd'hui, puis nous nous séparâmes. L'usure. Fait-il toujours aussi chaud dehors ? Stan se prépare un énième café en cherchant le thermomètre et réfléchissant à ce qu'il pourrait avaler à midi. Pas envie de cuisiner. Trop chaud. Salade verte grillade, Stan est un viandard, c'est peut-être l'overdose de protéine, entrelacée aux shoots de café qui le gratifie de ce ver solitaire. A quarante-sept ans, je décidai de refaire ma vie, ou plutôt quelqu'un décida et j'acquiesçai... Dix ans de tempêtes et de calme zen, de somptueux saute-au-paf et de navrantes hospitalisations, navrantes parce qu'inexpliquées à ce jour... Reste une certaine forme de tendresse et une certaine forme de complicité. Stan décide de sortir après moult atermoiements et malgré la chaleur de feu : il faut qu'il bouge. Ferme la porte, marche trois pas, volte-face, a-t-il vraiment fermé ? A clé ? La porte, le trottoir, un camion qui oublie de s'arrêter. A quoi ça tient la vie ? Stan n'aurait pas douté de lui, il serait encore en vie aujourd'hui.

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