31 mai 2012, soirée Ice-Cream et lunettes 3D au Gaumont Convention pour assister à la projection du nouveau film très attendu de Sir Ridley Scott : Prometheus.
Cramponné au fauteuil, le novice découvre les joies du cinéma en relief, tandis que le puriste prépare déjà sa critique vacharde du genre « Ça vaut tout de même pas le premier Alien ». Il faut dire que Sir Scott traine derrière lui un passif de réalisateur SF d’avant-garde dont Blade Runner et Alien sont les flamboyants porte-drapeaux. N’en déplaise aux éternels grincheux souffrant du syndrome « c’était mieux avant », ou encore aux aigris prétentieux incapables de cadrer une photo correctement, Prometheus tient sans mauvais jeu de mots sa promesse et vous scotche dans les règles de l’art à votre fauteuil.
Affiche Prometheus réalisé par Ridley Scott
Après le sacre du cinéma autrichien pervers et raffiné sur tapis rouge , Prometheus suscite une envie : celle de retrouver nos quinze ans et cette époque bénie où nous frémissions au rythme des « réplicants » de Philip K. Dick. Dans ce long-métrage taillé pour le succès, il est question d’un groupe de chercheurs, qui en Ecosse tombe nez à nez avec une fresque rupestre censée révéler la genèse de l’espèce humaine. Certaine de décrocher la clé du mystère, la petite bande part en goguette dans le grand espace à bord du vaisseau Prometheus. Destination : une planète hostile où dort en paix le berceau de nos origines. Vous comprendrez que la paix n’est pas au rendez-vous dans ce luxueux “prequel” et qu’aucune civilisation ne peut dormir sereinement devant la caméra de Ridley Scott. Un affrontement sans merci va donc avoir lieu entre les hommes qui ont la foi et ceux qui l’ont perdue tant la destruction les anime jusqu’à générer la naissance d’un monstre. Alien est ce monstre, l’ultime créature sauvage, qui nous renvoie encore et toujours à la petitesse de notre statut d’homme face à l’insondable univers.
Aussi, même si l’on ne comprend pas toujours les ficelles scénaristiques – parfois manichéennes – de ce long-métrage, force est de constater que Ridley Scott sait tenir autrement qu’à l’épaule une caméra et qu’il utilise avec brio les artifices des effets spéciaux, faisant passer pour des Strouchmpfs les hommes bleus d’Avatar. Avec une scène d’ouverture à couper le souffle, une mise en bouche autour du vaisseau Prometheus suffisamment longue pour susciter la claustrophobie, et enfin un casting de choc, il est difficile de rester insensible à cette superproduction bien plus finaude qu’elle n’en a l’air.
Une fois passé le choc des images, le cinéphile observera attentivement les personnages qui, a contrario de ceux d’Alien, ne tremblent pas de paranoïa et ne font pas corps autour de cette peur. Dans Prometheus, l’homme est renvoyé à son égocentrisme et son oubli de Dieu. Donc, pas de partage de la frayeur ou de combattants qui se serrent les coudes dans ce nouvel opus. Comme prévu, l’interprétation est de première classe avec trois mentions spéciales. L’une à Michael Fassbender, qui a décidément tout d’un grand, et compose un dérangeant androïde de feu et de glace accro à Lawrence d’Arabie. La seconde à Noomi Rapace, douloureuse et brutale qui reprend haut la main le flambeau du Lieutenant Ripley. La troisième revient à Charlize Theron qui troque avec classe et autorité sa robe en lamé contre la combinaison spatiale.
Si vous aimez les grands spectacles honorant le cinéma, les images d’autres mondes , l’univers de Bilal, le premier Alien et tous les autres, si vous aimez les Ice-creams et cette délicieuse sensation d’attente avant que ne commence un bon film, alors Prometheus est fait pour vous et vous en mettra à coup sûr plein les yeux.