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Michel Valentin (1956-2012), l’accomplissement d’une vie

Publié le 01 juin 2012 par Simplicitevolontaire

Posted in Changer de vie

L’idéal est pour nous ce qu’est une étoile pour le marin. Il ne peut être atteint mais il demeure un guide. — Albert Schweitzer

Michel ValentinMichel Valentin s’est éteint le 13 mai dernier, lors d’une randonnée avec son fils par un dimanche matin ensoleillé. Entrepreneur accompli, il avait créé et financé les Amanins, un lieu emblématique qui rassemble école alternative, ferme, et sensibilisation à  l’agro-écologie.

Un entrepreneur à la réussite économique certaine

Gamin hyperactif, Michel Valentin est partagé entre sa mère, paysanne, et son père, commerçant. D’un côté le rapport à la terre, très fort. De l’autre le rapport à l’argent, avec l’envie (voire l’obligation) d’en gagner, beaucoup de préférence.

Héritier de la PME familiale, il développe ses entreprises dans différents secteurs, non écologiques : logistique et transport dans la grande distribution, puis fabrication de palettes en plastique, et enfin hôtellerie/restauration. Cela lui permet d’amasser une fortune estimée à 20 millions d’euros.

En 2001, un divorce douloureux l’amène à se remettre en question : « A quoi sert mon argent ? Qu’est-ce que le bonheur pour moi ? ».

Sa rencontre à quelques mois d’intervalles avec Isabelle Peloux (directrice de l’école des Colibris) puis Pierre Rabhi l’amène à reconsidérer ses choix : « Que l’argent serve des causes beaucoup plus justes : respecter la Terre, les Hommes ».

Centre agroécologique Les Amanins, Drôme

Les Amanins, un catalyseur puissant du changement

« Quelle planète laisserons-nous à nos enfants, quels enfants laisserons-nous à la planète ? »

Le centre des Amanins a été pensé et construit autour de cette double question.

Il rassemble :

  • un lieu d’accueil et de sensibilisation à  l’agro-écologie
  • une ferme biologique
  • une école pour la paix et la coopération

Michel Valentin (1956-2012), l’accomplissement d’une vieAcheté par Michel Valentin en 2005, l’ancienne ferme est rapidement éco-rénovée et de nouveaux bâtiments voient le jour. L’ensemble du chantier est construit dans un souci d’autonomie énergétique et d’utilisation de matériaux naturels. Le centre des Amanins ouvre au public en 2008. Depuis, il irrigue les milieux écologistes par ses nombreux forums et séminaires, avec près de 2 000 visiteurs annuels.

Le projet est structuré en 3 entités : association, SCI, coopérative SCOP. Cela permet aux activités économiques, gérées par la SCOP, de financer les salaires de l’école. Les frais de scolarité (1 200€/an, cantine inclue) sont réduits, ce qui ouvre l’école au plus grand nombre.

Aujourd’hui, les Amanins sont rentables, et prouvent que l’on peut réconcilier économie et écologie (deux termes étymologiquement proches : « loi de la maison » et « science de la maison »).

 Michel Valentin (1956-2012), l’accomplissement d’une vie

La coopération au cœur du projet

Habitué à son rôle d’entrepreneur solitaire, Michel Valentin souhaite aussi utiliser ce nouvel espace pour apprendre la coopération, qui est au cœur du projet des Amanins :

  • pédagogie coopérative enseignée à l’école,
  • coopération des parents d’élèves (qui participent à la vie de l’école),
  • coopération des salariés de la SCOP,
  • coopération des visiteurs (qui peuvent participer aux travaux agricoles)…

« Ce projet est aussi pour moi l’occasion d’un apprentissage, l’apprentissage de la relation, d’apprendre à connaître les autres, à leur demander leur avis, à travailler ensemble. »

Vaste projet que de passer ainsi de l'autonomie (financière, vis-à-vis des autres, ne rien devoir à personne...) à la transmission et la coopération. Il n’était peut-être pas encore totalement arrivé à destination, mais il était sûrement parti de loin et y mettait tout son cœur.

Un financeur d’alternatives

Michel Valentin souhaitait donner une utilité écologiste et humaniste à sa fortune, dont seule une petite partie est investie dans les Amanins. Il avait ainsi publiquement annoncé son envie de soutenir d’autres projets porteurs de sens, notamment dans l’habitat groupé.

Les moyens de ce généreux donateur pourraient bientôt manquer aux milieux écologistes et humanistes. Par exemple, même le projet de « la Ferme des Enfants »/« le Hameau des Buis » de Sophie Rabhi-Bouquet avait eu besoin de son soutien financier à une période critique.

Michel Valentin (1956-2012), l’accomplissement d’une vie

La graine du changement est en chacun de nous

Rien ne prédisposait Michel Valentin à décider de changer de système de valeurs, et à embrasser la cause écologique au point d’y consacrer fortune, compétences et énergie.

Ce changement de parcours étonnant prouve par l’exemple que chacun de nous est acteur de changement, et peut un beau jour décider de se mettre en mouvement.

Michel s’en est allé, de la même façon, par un dimanche matin ensoleillé. Il s’était levé à 5h30 pour aller voir avec son fils les chamois aux Trois-Becs, un vœu exaucé. Il s’est alors endormi paisiblement, le sourire aux lèvres, en pleine ascension.


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