"Les carnets d'Ulysse" de Stéphane FRATTINI et illustré par Quentin DUCKIT est un très bel objet, un carnet qui se ferme avec des lanières. Il contient les pensées du héros Ulysse pour sa famille, Pénélope, sa femme, et Télémaque, son fils. Une très belle proposition pour les amoureux de la mythologie ou pour y arriver... de l'intérieur.
© Stéphane FRATTINI et Quentin DUCKIT/ Milan jeunesse
Après la Guerre de Troie, Ulysse tente de retourner à Ithaque. Il commence alors à écrire un carnet de bord qu'il souhaite faire parvenir à sa femme. Il reprend en quelques mots tous les défis qu'il doit surmonter pour rentrer chez lui.Ce sont alors les différentes étapes de son odyssée qui sont présentées ici mais aussi un état d'esprit. Le rusé Ulysse devient aussi un homme tendre, ému, fidèle en amitié, très sensible au charme féminin et aussi un brin nostalgique.
Les compagnons d'aventure ont ici une place de choix: Achille, sa combativité et son talon, son bucher et son temple d'honneur, mais aussi Euryloque ou Eumée.Ulysse rapporte les faits mais y met de l'émotion, de la tristesse et de la colère et une certaine concupiscence aussi parfois. Les détails du quotidien apparaissent avec les repas, les combats et leurs épargnés, les relations aux peuples et pas seulement aux personnages principaux.Alors oui, nous retrouverons Charybde et Scylla, les sirènes, la magicienne Circée, Nausicaa, Calypso et ses faveurs, Polyphème le cyclope mais aussi les Lestrygons, les Phéaciens et tous les défis. Nous retrouverons aussi une trame des destins, des conséquences aux premiers actes.
© Stéphane FRATTINI et Quentin DUCKIT/ Milan jeunesse
Ce livre fourmille de détails et offre ici la voix d'Ulysse. L'aventure est incarnée, masculine et sensuelle, mais aussi marquée par les rencontres humaines et le temps. Le temps reprend en effet ses droits, les années passées à côté de Circé ou de Calypso sont ressenties, délicieuses, insouciantes, amnésiques.
Le format est superbe, la couverture cartonnée s'ouvre sur des pages solides et dentelées comme un papier déchiré par l'homme et non une machine. L'écrit est comme manuscrit, souligné, raturé, en biais et propose ainsi vraiment comme une proximité, une familiarité avec Ulysse. Les dessins de Quentin DUCKIT sont "pris sur le vif par le héros lui-même" ou un intervenant profitant de son inattention ou son sommeil pour le croquer rapidement (et sans son consentement).
© Stéphane FRATTINI et Quentin DUCKIT/ Milan jeunesse
Ils ponctuent le texte et offrent des détails de proximité, les hommes sont pris dans les affres de la nature et des dieux mais rien n'est épargné, ni la nudité d'Ulysse, ni la volupté des femmes divines ou non, ni le saccage des combats. La part belle est aussi faite aux personnages et pas seulement créatures.