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Carénage

Par Mathylde

CarénageVous vous en doutez, je ne vais pas vous parler carrosserie moto, mais d’un roman de Sylvain Coher, publié en août dernier.

Avec un titre pareil ( surplombant une magnifique photographie) on imagine aisément que l’on ne va pas lire un texte heureux. La moto est souvent synonyme de vitesse, d’une envie de dépassement de soi grâce à une envolée du compteur. Anton, le personnage principal de Carénage, n’échappe pas à la règle. Il envisage la vitesse comme l’accès à une “immédiate éternité”. Les routes qu’il prend sont en fait une course effrénée vers un ailleurs, une route idéale (corse à mon humble avis…) qu’il ne pourra probablement rejoindre que dans la mort.

La moto est ici le véhicule du tragique : elle ne peut mener qu’à la perte de son conducteur. Que la perte soit celle de la mesure (il est bien plus anodin et plus facile de commettre un excès de vitesse de 100 km/h en moto qu’en voiture. La sensation de liberté est peut être trop grisante et concurrence la raison.) ou celle de la vie, l’issue ne peut être que tragique.

Anton est un motard sur la route et dans ses actes, capable du pire pourvu que l’idée lui plaise… Il flirte sans cesse avec cette épée de Damoclès et fait en sorte que la mort ne soit jamais loin de lui, peut être pour la narguer ou pour mieux l’apprivoiser. Sa tendance à jouer avec sa vie est d’ailleurs concrétisée par la scène de roulette russe.

Comme bien souvent, derrière un motard, il y a une passagère. Elle s’appelle Leen et envisage la passion de son copain comme une rivale. Et quand on a une Triomph comme rivale, pas facile d’envisager son échec… Leur relation est assez complexe. Leen attend Anton comme une épouse de marin attend son homme parti en mer. Avec la même peur, celle qui broie le ventre, à l’idée d’un accident et du vol plané qui s’en suivra. Ou pire, du corps écrasé contre de la carrosserie. Mieux vaut d’ailleurs avoir une boîte de mouchoirs à côté de soi pour lire ce roman tant il est éprouvant pour celui ou celle qui fréquente ou qui a fréquenté des motards.

St Colomban, patron des motards

St Colomban, patron des motards

Ce qui ressort de ce beau (mais tragique, cela va de soi) roman, c’est l’amour que porte Leen à son motard, qui pourtant semble préférer faire corps avec sa machine infernale plutôt que de se coucher contre le corps de sa passagère. La fin du roman est bouleversante en ce sens et tout à fait surprenante.

Enfin, on peut lire dans ce roman une mise en garde des “non-motards”, représentés par les villageois, qui ne réalisent pas à quel point leur conduite (dans tous les sens du terme) peut avoir de conséquences dramatiques.

Un beau roman, très bien écrit, mais douloureux…

Bonne route lecture !



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