Pour les vacances c’est décidé : ça sera la Grèce ! Pas pour « aider » les Grecs à surmonter la crise, à mon avis c’est foutu pour eux, mais d’abord parce que ça risque d’être encore moins cher que la Bretagne nord et surtout beaucoup plus instructif. Tant pis si on a du mal à y trouver une (vraie) galette-saucisse, je me contenterai des salades du cru. Pas de celles que le jeune Tsipras, leur Mélenchon local, tente de faire avaler à ses concitoyens sur le thème : on veut la feta et l’argent de la feta ! Comprenez : on veut la fin de la rigueur et les tunes de Merkel ! En fait, question salades, j’ai plutôt envie de faire dans le traditionnel : feta, concombre, tomates, olives noires et huile du même métal pour l’assaisonnement. J’essaierai c’est promis de ne pas abuser de leur pinard. Ca ne devrait pas être trop dur parce que, entre nous, faut vraiment être maso pour se mettre minable au vin blanc parfumé à la résine… Sinon, les jours de fêtes, ça sera Wiener Schnitzel, la célèbre spécialité locale imposée par des générations de touristes teutons. Arrosées à la bière de Munich comme il se doit.
Si ça risque d’être encore moins cher que la Bretagne nord ce n’est pas uniquement parce que les prix touristiques y sont en forte baisse depuis que les Allemands évitent d’aller s’y faire bronzer les fesses de peur de se faire botter le cul ou, pire encore, de se faire caillasser leur 4X4 Mercédès. C’est aussi parce que, d’ici l’été, la Grèce sera sortie de la zone
euro et que, à condition de ne pas payer l’addition en drachmes, je devrais pouvoir me goberger à très bon compte dans les bistrots helléniques. On le sait depuis que le regretté Gresham à formulé sa fameuse loi : la mauvaise monnaie chasse inéluctablement la bonne. Donc, la drachme ressuscitée ayant chassé l’euro vous serez considéré comme un roi du pétrole dès lors que vous manifesterez l’intention de régler en jolis billets de notre monnaie forte et commune. Oui je sais : l’épithète « fort » à propos de l’euro peut faire sourire… Nous sommes bien d’accord, c’est très relatif. Mais après tout, depuis l’abandon par Nixon de la convertibilité du dollar en or, tout est relatif en matière monétaire. N’importe quel trader spécialiste du marché des devises vous le confirmera.
Moins cher mais surtout instructif car, pour quelque peu morbide que cela puisse en l’occurrence paraître, il est toujours intéressant de prendre un peu d’avance sur l’histoire, surtout quand elle promet d’être cataclysmique. Compte tenu de ce que nous allons prochainement vivre en France, assister de visu à l’implosion d’un état providence miné par des décennies de gabegie budgétaire, de clientélisme effréné et de socialisme plus ou moins rampant ne peut qu’être utile pour nous aider à nous prémunir personnellement au mieux contre l’inévitable. Reste évidemment le risque de guerre civile induit par la situation sociale et politique qui prévaut désormais aux pieds du Parthénon. Ca peut évidemment être un peu dérangeant pour des vacances sereines. Un peu mais pas trop car chacun sait que, depuis la guerre du Péloponnèse qui opposa la ligue de Délos menée par Athènes à Sparte et à ses alliés entre 431 et 404 avant JC, les Grecs ont une longue tradition en la matière. Ils savent parfaitement gérer guerre intestine et petit commerce estival. C’est la raison pour laquelle, outre les guides touristiques incontournables, je compte emporter dans mes bagages le fameux best-seller écrit à ce propos par l’excellent Thucydide.
Bonnes vacances à tous et n’oubliez pas de m’envoyer des cartes postales.