Magazine Culture

« Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? »

Par Wtfru @romain_wtfru

« Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? »
EXTRAIT :

« Quand ma mère se fâchait contre moi, ce qui lui arrivait souvent, elle disait : « Le Diable nous a dirigés vers le mauvais berceau. »
L’image de Satan prenant congé de la guerre froide et du maccarthysme le temps de faire un crochet par Manchester en 1960 – but de la visite : duper Mrs Winterson – est théâtralement truculente. Ma mère elle-même était une dépressive truculente ; une femme qui cachait un revolver dans un tiroir à chiffons et les balles dans une boîte de produit nettoyant Pledge. Une femme qui passait ses nuits à faire des gâteaux pour ne pas avoir à dormir dans le même lit que mon père. Une femme qui avait une descente d’organes, une thyroïde déficiente, un coeur hypertrophié, une jambe ulcéreuse jamais guérie, et deux dentiers – un mat pour tous les jours et un perlé pour les « grands jours ». » 


AVIS :

Très honnêtement, il arrive parfois ce qu’on pourrait nommer « une baisse de régime » sur les tables de nos libraires : les gros coups de coeurs et succès de la rentrée de janvier sont déjà loin, et les blockbusters style Musso/Lévy sont prêts pour l’été. Dans ces moments là, il est courant de se retrouver à errer comme une âme en peine, à la recherche d’une quelconque stimulation littéraire. 
Et par chance, vous tombez sur « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? », autobiographie de Jeanette Winterson, auteure jusqu’ici inconnue par chez nous. Lire une autobiographie d’un écrivain qu’on ne connait pas, c’est un peu risqué, on ne vous le cache pas. Mais, dès la première page, on se dit qu’ici, le risque est évité. 

« Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? », c’est une phrase que lâche un matin la mère de Jeanette Winterson, de quoi poser l’ambiance dans la famille…Dans cette autobiographie, l’auteure nous décrit son enfance anglaise, dans la petite ville industrielle d’Accrington. À la merci d’une mère-tyran, Jeanette n’a pas réellement les clés du bonheur dès le départ. On pourrait s’attendre à de la haine et de la colère au moment de faire le bilan de sa vie, mais il n’en est rien. 
L’intégralité du livre n’est que tendresse, pitié et pardon pour cette vie qui s’est écoulée.  Le style et l’atmosphère du texte se veut tout de même cassant et sarcastique, parce qu’il ne faut pas non plus la prendre pour Mère Thérésa

Tout en dressant le portrait de cette mère obsédée par la religion, et n’attendant que l’Apocalypse pour la délivrer de « son horrible existence », Jeanette Winterson nous raconte l’histoire de son émancipation, de son développement personnel, et tout simplement de sa survie. Dans ce « dépassement de soi » on noterale caractère essentiel de la littérature et du sexe : soit les deux choses les plus interdites dans son foyer. Si ça ce n’est pas de la rébellion!
Grâce à ces deux aspects rebelles, Jeanette va pouvoir accéder à la liberté auquel elle semble aspirée depuis toute petite, et peut être même au bonheur.
C’est cette quête d’une vie meilleure qui donne un sens à ces mémoires, échappant ainsi au côté « Je soigne mes soucis oedipien ». C’est là que « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? » prends vraiment son envol, et s’impose comme une excellente autobiographie. Mais c’est également grâce à cette quête du bonheur, et aux réflexions apportées par l’écrivain que le livre  s’adresse au lecteur. 

La question qui demeure : a t-on envie de lire ces oeuvres, maintenant qu’on connait tout de sa vie ?
Et bien justement, il ne semble pas que ce soit le cas, tant ses romans semblent inspirer de sa propre histoire, à tel point que ses personnages portent souvent son nom.
Dommage, mais on gardera un très bon souvenir de cette autobiographie. 

« Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? »
 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Wtfru 11406 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines