Écrit et réalisé par David Cronenberg
Avec Robert Pattinson, Paul Giamatti, Sarah Gadon, Juliette Binoche, Jay Baruchel, …
1h48
Résumé :
Dans un New York en ébullition, Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche le jour de la visite du président des Etats-Unis. Il n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire…
Avis :
Décidément, ce début d’année 2012 n’est pas des plus glorieux, cinématographiquement parlant. Et autant le dire tout de suite : ce n’est pas le nouveau film de David Cronenberg qui va nous faire changer d’avis !
A l’instar de son collègue Tim Burton, dont le dernier long-métrage, Dark Shadows, est sorti sur nos écrans il y a quelques semaines, Cronenberg se trouvait dans une situation un peu délicate avant d’aborder ce nouveau film.
Alors que le réalisateur américain devait se rattraper auprès de son public après le très mitigé Alice au pays des merveilles, le metteur en scène canadien, lui, devait corriger le tir après un passage vers le classicisme un peu raté (A dangerous method).
Mais si le réalisateur de Big Fish a su montrer qu’il savait encore faire de bonnes choses, Cronenberg, pour sa part, a totalement échoué dans sa tentative de nous reconquérir…
Cosmopolis, au cas où vous l’ignoreriez, c’est donc l’adaptation du roman éponyme de Don DeLillo publié en 2003.
Il est peut-être important de signaler que le style de DeLillo est, semble-t-il, très cinématographique (des fidèles lecteurs vous le confirmeront sûrement), et que Cronenberg déclare avoir écrit le scénario du film en 6 jours !
Un chiffre qui peut surprendre, mais qui s’avère totalement plausible à la vue du désastre qui se déroule sous nos yeux…
Cosmopolis sera en effet, sans conteste, l’œuvre la plus bavarde de cette année 2012 !
Alors que la bande-annonce du film nous laissait augurer de grandes choses (on espérait notamment le retour de Cronenberg vers un univers plus fantastique et, disons, plus mouvementé), le film s’avère au final n’être qu’un ramassis de blabla pseudo euphorisant sur le monde de la finance.
Tout le monde parle, mais personne n’a rien à raconter, ou en tout cas, rien qui puisse attirer l’oreille du pauvre spectateur d’ores et déjà effondré sur son fauteuil.
L’idée de faire de ce récit un voyage en limousine semblait pourtant être une bonne idée sur le papier. Faire de cette limousine un huis-clos mobile l’était également.
Mais au final tout se retrouve gâché par de vagues idées de mise en scène, un scénario effroyablement plat, et une direction d’acteurs absolument calamiteuse…
Toutes ces scènes de discussion dans le véhicule sont autant un calvaire pour les yeux que pour les oreilles. Car non seulement le spectateur doit encaisser les dialogues stériles entre les différents protagonistes, mais il doit en outre supporter les déplacements affreusement surfaits et disgracieux des personnages qui semblent souffrir de terribles problèmes gastriques dès qu’ils entrent dans le véhicule de ce cher Robert Pattinson (la palme revenant sûrement à Juliette Binoche et à Philip Nozuka).
De nombreux critiques ont cependant loués la mise en scène de David Cronenberg… C’est à n’y rien comprendre !
Cronenberg est un grand metteur en scène, ça c’est indéniable. Mais ce n’est pas parce qu’il possède un CV extraordinaire qu’il doit pour autant bénéficier d’un traitement de faveur à chacune de ses sorties.
Son travail de réalisation dans ce nouveau film est en effet loin d’être aussi merveilleux que ce que certains ont voulu nous faire croire. Certes sa mise en scène est plutôt correcte, mais nous sommes tout de même loin de ce qu’il a pu nous offrir par le passé. A vouloir trop styliser ses plans, il leur fait perdre de leur essence, ce qui a pour effet d’enfoncer le clou dans un discours déjà ennuyeux.
En revanche, s’il y a bien une chose que l’on ne peut pas reprocher au réalisateur d’eXistenZ, c’est qu’il sait parfaitement choisir ses collaborateurs.
Outre les habitués (Howard Shore, Denise Cronenberg ou bien encore Peter Schuschitzky), il faut notamment saluer le travail le travail d’Arvinder Grewal sur les décors, qui sont sûrement ce qu’il y a de plus réussi dans le film.
Saluons également l’audace du réalisateur qui a su confier le premier rôle de son long-métrage à un comédien qui paraissait à mille lieues de son univers : Robert Pattinson.
A défaut de briller véritablement, le jeune acteur s’en sort tout de même avec les honneurs. On aurait cependant aimé qu’il soit un zeste plus charismatique, notamment lors du duel final avec Paul Giamatti où il se laisse quelque peu éclipser…
En dehors de cela, il n’y a pas grand chose à dire d’autre sur ce Cosmopolis.
On attendait une œuvre sombre et intense avec une critique musclée du système capitaliste et financier en filigrane. On se retrouve finalement avec un objet trop stylisé et très décevant qui ne parvient jamais à captiver le spectateur.
Le mythe Cronenberg s’effrite dès lors un peu plus… Doit-on désormais attendre qu’il retrouve un second souffle, ou doit-on au contraire l’abandonner pour laisser la place à son jeune fils à l’avenir prometteur ?
Seul l’avenir nous le dira…