Ce serait pourtant dommage de ne pas fondre à cette lecture, "Les cygnes sauvages" de Hans Christian ANDERSEN et illustré par Joanna CONCEJO. D'une part, parce que c'est un classique et qu'à travers cette contextualisation d'un autre temps il est aussi question de la moralité à travers les contes. D'autre part, car le texte n'est pas expurgé offrant ainsi une superbe mise en scène.
Elisa est princesse. Son père, veuf, reprend femme et cette belle-mère veut éloigner les enfants de son nouvel époux. La fille ira dans une maison de fermiers dans la forêt et les fils, les 11, deviendront par malédiction des cygnes sauvages obligés à s'exiler pour vivre.La princesse a vécu seule dans la forêt, avec juste la nature pour s'émouvoir et se divertir. Elle ne continue à vivre que dans le souvenir de ses frères, de leurs moments de joie et de partage. Mais Elisa a grandit et, à ses 15 ans, veut revoir son père. Mais la marâtre, envieuse de cette enfant transformée en beauté, reprend ces sortilèges: 3 crapauds aux sortilèges l'enlaidissant, l'abêtissant et la rendant méchante. Mais Elisa transforme les sortilèges par sa dévotion pieuse et sa grande bonté.
Les retrouvailles avec le père ne se feront pas, elle s'enfuit... méconnaissable et se retrouve seule en pleine forêt, à la recherche de ses frères, qu'elle imagine à cheval. Ils se retrouveront la nuit... Mais les frères ne peuvent pas se libérer de leur condition, Elisa va s'affairer avec religion, altruisme et sacrifice.
Le conte d'ANDERSEN est beau même si les personnages sont stéréotypés et que l’héroïne ne me parle pas. Il est question d'une moralité qui a vieilli. Il me semble froid et même la chaleur de la fratrie, encore moins l'amour superficiel du "prince charmant", ne me touchent pas.Et pourtant, et oui, pourtant, ce livre est magnifique. Parce que Joanna CONCEJO offre là les images de la solitude, de la détresse et de l'isolement. Le texte n'est plus pour moi qu'une illustration de ce qu'elle nous offre. Une héroïne qui s'oublie, se perd dans le paysage. Les orties, les plumes de cygnes, les détails de la nature offre une trame de réflexions, de cette rêverie de l'enfant aux affres de la responsabilité adulte, seule encore mais différemment.
Mais n'arrivant pas à mieux définir cette confusion, je vous laisse lire le magnifique billet de Cristiana sur ces illustrations... une entrée dans l'univers de Joanna CONCEJO, une lecture amoureuse du conte, une lecture que l'on sent imprégnée de la nonna...
La traduction, de l'album aux éditions Notari, est de David SOLDI, celle des édictions Le Livre de poche, "Contes", est de Marc AUCHET.Et cela a son importance.