Le 18 mai 2012, à 15h 35 sur FRANCE 5 : « EUROPE, UNE LUNE DE JUPITER ».

Par Ananda

Ce documentaire est consacré à EUROPE, « une petite lune de JUPITER ». Pourquoi Europe ?

Pourquoi ce simple et modeste « satellite couvert de glace » croisant si loin de nous, au large du géant gazeux n° 1 de notre Système Solaire ?

La réponse à cette question –légitime – ne tarde pas à fuser : on a découvert, voici assez peu de temps, que ce corps céleste présentait une particularité notable, celle d’héberger « un océan de près de cent kilomètres de profondeur ». Et il n’en a pas fallu plus pour raviver « l’espoir » de trouver – enfin – « des traces de Vie », d’une forme de Vie qui serait, bien entendu, extraterrestre. C’est même dans cette optique qu’un homme, un américain visionnaire, a d’ores et déjà décidé de mettre au point un appareil à même de « percer la couche de glace » qui recouvre ce mystérieux « monde ».

Mais – me demanderez-vous sans doute – « une vie extraterrestre existe-t-elle ? ».

Réponse positive pour certains scientifiques, qui « en sont convaincus ».

Ne nous enthousiasmons pas trop vite pour autant : il y a un bémol. Les mêmes scientifiques s’empressent d’ajouter qu’en cas de présence de Vie alien à l’intérieur de notre Système Solaire, cette dernière se limiterait à des « colonies de cellules » simples, à des « microbes »…ce qui est tout de même assez décevant. Mais comme on dit, faute de mieux…

Revenons à Europe. Situé à 800 millions de kilomètres de notre bonne vieille planète bleue (ce qui est une distance énorme, presque insurmontable à notre échelle), cette modeste boule est, comme nous venons de le voir, un objet recouvert d’une « épaisse couche de glace ». On soupçonne désormais ladite enveloppe glacée de dissimuler juste sous elle « un immense océan » d’eau liquide.

Bref, tout ce qu’il faut pour faire travailler nos fébriles imaginaires…car, on le sait, le rôle de l’eau sous sa forme liquide est, pour l’éclosion et le maintien d’un phénomène tel que la Vie, « très important ».

Toujours de source scientifique, cette masse d’eau « européenne » aurait l’âge canonique de « 4,6 milliards d’années », ce qui la ferait remonter au « début du Système Solaire ». Comment sait-on tout ça ? Et bien, tout simplement grâce à « deux sondes » spatiales, qui ont eu la chance d’approcher le satellite et qui en ont rapporté des photographies partielles, excluant encore « de nombreuses zones ». De sorte que l’image que nous avons de la lune jovienne est encore « très incomplète ».

Il n’empêche…L’explorateur U.S Bill STONE, propriétaire et patron d’ « une petite entreprise d’aéronautique », a déjà conçu et construit un « véhicule sous-marin autonome » qu’il a baptisé L’ENDURANCE et qui se veut le « brouillon » du futur explorateur qui visitera le lointain satellite.

Réaliste toutefois, Bill Stone a le mérite de ne rien nous cacher : le voyage vers la banlieue de la colossale planète gazeuse sera loin d’être des plus faciles. Il nécessitera la mise au point d’ « un vaisseau très puissant », qu’il faudra, au préalable, « beaucoup de temps » pour concevoir, pour construire et pour perfectionner. Compte tenu de la longueur affolante du voyage et, une fois sur place, des mortelles radiations qu’émet la grande planète, il est même « peu probable » que l’Homme y soit physiquement présent. Ce serait beaucoup trop risqué…

Cette entreprise représente donc un fort intimidant défi.

Transportons-nous cependant loin dans l’avenir…en 2048.

Après une véritable « odyssée de l’espace » qui n’a pas duré moins de « cinq ans », le vaillant successeur de L’Endurance approche de la masse jovienne.

Conformément à ce qui a été prévu dans le moindre détail, « les divers appareils [embarqués à son bord] s’autoprogrammeront » pour placer le vaisseau qu’ils gèrent en orbite autour de Jupiter. Il va sans dire que ce sont des robots extrêmement perfectionnés, à l’intelligence bien supérieure à celle qu’affichent nos robots actuels. Ils ont bénéficié de la fulgurance du progrès technologique. Ils ont, ainsi, pu être programmés pour une complète autonomie car, en l’absence d’Hommes, il sera absolument impératif que l’engin – mi-capsule spatiale mi-sous-marin – « se débrouille tout seul » et sache prendre des initiatives extrêmement élaborées, en rapport avec les situations qu’il rencontrera.

Le premier danger majeur auquel il aura à faire face sera l’énorme « champ gravitationnel » de Jupiter.

Une fois sur Europe, sa mission consistera, on le devine, à y « trouver des traces de Vie » et, pour ce faire, il lui faudra, toujours en se débrouillant entièrement par ses propres moyens, mener une des entreprises les plus complexes de l’histoire de l’exploration spatiale : pratiquer  une ouverture dans l’épaisseur de la calotte glaciaire, et voyager sous elle, dans l’élément liquide.

D’ores et déjà L’Endurance, à cet effet, s’est mis à suivre un « entraînement » : nous le voyons à pied d’œuvre, dans le cadre approprié du LAC BONNET, au beau milieu des « VALLEES SECHES DE L’ANTARCTIQUE », par une température de – 30°. Il y subit des tests qui le mettent à rude épreuve, faisant courir aux techniciens de Bill Stone le risque de « perdre un robot de six millions d’euros ». Stone en profite pour nous révéler que son précieux engin comporte déjà « cent capteurs, quatre caméras, un sonar, un détecteur laser et quarante quatre caméras ». Ensuite, il nous confie que « le robot [ne] sera opérationnel » que « le jour où il démontrera qu’il peut être parfaitement AUTONOME ». Ce qui rend cette condition préalable si importante ? Il nous l’explique : le fait qu’une fois plongé dans l’eau de l’océan situé sous les glaces d’Europe, son Endurance sera astreint à « ressortir [ … ] par le trou par lequel il est entré » et que, pour cela, il s’avèrera absolument primordial qu’il soit capable de « retrouver son chemin » entièrement par lui-même.

Vous voyez le topo ? Rien de très simple…pour ne pas dire un véritable casse-tête !

Vous me direz (peut-être) : « tout ceci vaut-il bien le coup ? Est-ce qu’on ne perdrait pas son temps, sans compter son argent bien sûr ? » A cela, les savants répondent en citant des découvertes troublantes qu’ils ont eu l’occasion de faire.

Tout commença, en fait, en 1977, lorsqu’un « étrange phénomène » fut brusquement décelé  « à deux kilomètres et demi » sous la surface de l’Océan Pacifique. Une campagne d’exploration menée « dans un petit sous-marin » permit, tout à fait par hasard, la découverte des désormais fameuses SOURCES HYDROTHERMALES océaniques, encore désignées sous le vocable de « FUMEURS NOIRS ». Il s’agissait (et il s’agit toujours, d’ailleurs) d’isolats, d’ « oasis » grouillants d’une « Vie abondante et prospère » au demeurant radicalement différente de la Vie terrestre classique, de la Vie qui s’épanouit en surface. Pour tout dire, ce qu’ils donnaient à voir, c’était l’incroyable existence d’une « Vie sans lumière » qui apportait la preuve (on ne peut plus étonnante pour les biologistes de l’époque) que la Vie pouvait se développer en la totale absence de l’action du soleil.

On sut par la suite que ce qui suppléait l’énergie solaire absente en cette occurrence, c’était les « réactions chimiques » induites par la chaleur provenant « de l’intérieur de la TERRE ». Cette énergie non-conventionnelle suffisait –contre toute attente – à nourrir pleinement et entièrement de véritables « écosystèmes », dotés d’une richesse inouïe !

Pour ses découvreurs ébahis, cet état de fait constitua une surprise totale.

Mais, quelques années après, très exactement en 1989, la SONDE spatiale GALILEO fut lancée vers l’espace depuis la NAVETTE ATLANTIS. Au début des années 1990, la même sonde tournait autour de JUPITER, et révélait dans la foulée certains mystères de ses LUNES, au nombre d’une soixantaine. On sut ainsi que celle qui était la plus proche de l’énorme planète, IO, était une sorte de « boule de feu » grêlée d’innombrables volcans actifs ; qu’un autre de ses satellites, GANYMEDE, était, lui, « une boule de glace ». On découvrit également, au passage, le visage de CALLISTO, laquelle est la lune jovienne « la plus éloignée ».

Mais, comme vous vous en doutez déjà, le clou du spectacle fut Europe, sur laquelle on apprit, à cette occasion « tout ce que l’on sait » à ce jour. Imaginez « un endroit étrange » et proprement « unique en son genre ». Un endroit « très sombre », où s’élèvent des « falaises et des montagnes de plusieurs centaines de mètres ». Un univers inattendu où « huit kilomètres de glace dissimulent tout un monde aquatique » équivalent à « deux à trois fois » la masse d’eau terrestre et faisant « cent kilomètres » de profondeur !

Mais cela ne s’arrête pas là : pour les savants, le « cœur » de cette boule qu’est Europe « est sûrement un noyau métallique couvert de plusieurs couches » de roche en fusion et de roche solide, comme sur Terre, en sorte qu’il n’y aurait rien d’étonnant à ce que de la chaleur et de l’énergie s’en échappent et, tout naturellement, viennent se disperser dans l’eau « océanique » qui le coiffe.

Comment en est-on arrivé à soupçonner cette chaleur (au demeurant si peu compatible avec l’environnement d’Europe) ? Et bien, ce sont les innombrables crevasses que les photos ont permis d’apercevoir à la surface de la calotte qui ont mis la puce à l’oreille des scientifiques !

Seule, de la chaleur peut, en effet, provoquer l’apparition de si longues et de si imposantes fractures dans l’épaisseur d’une telle couche de glace, en la faisant « craquer ». Reste, maintenant, à déterminer ce qui provoque de pareils phénomènes caloriques. Dans le cas qui nous occupe, les options ne sont pas nombreuses ; selon les chercheurs, il faut voir là l’effet de « fortes marées » déclenchées et entretenues par la double attraction gravitationnelle de deux autres satellites joviens, Ganymède et Io. La conjugaison et le jeu de ces deux attractions seraient si puissants qu’ils déformeraient l’orbite d’Europe, en la rendant « elliptique » et en faisant, de la sorte, changer le corps céleste de forme « selon qu’il s’approche ou s’éloigne » de sa planète-mère Jupiter.

En 2004, une autre sonde, la SONDE STARDUST, a pu s’acquitter de la mission qui consistait à traverser une COMETE située entre Mars et Jupiter, « pour en analyser la composition ». La sonde avait été équipée d’AEROGELS ainsi que de DETECTEURS DE PARTICULES. Grâce à elle, les  « premières particules de comète » furent dûment analysées, ce qui ouvrit sur une « piste inespérée ».

Jugez-en : on y décela la présence non équivoque de GLYCINE .

La glycine est un ACIDE AMINE qui entre dans la composition de notre ADN !

Tout encourage donc à croire que la Vie pourrait s’être facilement développée sur Europe. Quant à savoir « quel genre de Vie » ce pourrait être, il y a, ainsi que nous l’avons déjà vu, gros à parier compte tenu de l’ « environnement hostile » qui entoure la planète la plus grosse du Système Solaire, qu’elle n’a pas dû dépasser le stade de l’organisme « microscopique ».

« Des microbes, des bactéries »…oui, ce pourrait bien être ça. Souvenons-nous, tout de même, que « les microbes sont nos ancêtres » et que, par ailleurs – fait sans doute plus important encore – ils sont « très résistants ». Pour nous en convaincre, il n’est que d’évoquer le cas des EXTRÊMOPHILES qui prolifèrent dans les SOURCES D’ACIDE SULFURIQUE DU PARC DE YELLOWSTONE. Par ailleurs, une expérience révélatrice a été tentée avec l’envoi d’un TARDIGRADE vivant dans l’espace et « à l’extérieur d’une fusée ». Rien – ni froid extrême ni radiations mortelles – n’a pu en venir à bout ; il est resté en vie !

La Vie, au fond, selon bien des scientifiques, n’est pas bien difficile : elle a juste « besoin d’énergie » et, pour le reste, elle sait se débrouiller avec les moyens du bord. La Vie terrestre, par exemple, puise l’énergie qui lui est indispensable  au soleil et, quand celui-ci fait défaut, comme nous l’avons vu, elle va chercher celle qui monte du cœur le plus profond de la planète bleue.

Alors ? Il ne reste plus qu’à attendre et à se préparer, tout en gardant soigneusement à l’esprit que –comme ne se lassent pas de le souligner les spécialistes – ce qui nous attend éventuellement sur la mystérieuse Europe « ne sera sûrement pas de la Vie sous une forme que nous connaissons » et que, partant, il faut sans doute compter avec de singulières surprises, comme ce fut le cas, déjà, avec les extrêmophiles terrestres. En somme, garder l’esprit ouvert, et se garder, surtout, de spéculer.

La seule chose à laquelle on puisse raisonnablement s’attendre, c’est à la différence la plus « radicale ».

A cet égard, nous apprenons qu’un exobiologiste de la NASA a construit, sur ordinateur, une sorte de « modèle réduit d’Europe », duquel il ressort tout d’abord qu’avec sa température extrêmissime de -150° Celsius, son atmosphère « très ténue » et la flopée de « radiations mortelles » qu’elle reçoit sans discontinuer de Jupiter (une véritable « bombardement de particules »), la surface du satellite n’est, clairement, pas habitable, même par des microbes. S’ils existent, ces derniers ne pourraient que loger « sous la couche de glace », bien à l’abri. Une analyse spectroscopique d’Europe à laquelle les scientifiques se sont livrés a d’ailleurs révélé de « vastes zones infrarouges » fort intrigantes, qui pourraient fort bien être des indices de la présence de Vie. Pour quelles raisons ? Parce que, nous répondent-ils, passablement excités, « la Vie est colorée, les microbes et les plantes sont quelquefois rouges » à l’analyse spectroscopique. D’autre part, outre que l’on connait fort bien la très grande résistance aux radiations dont peuvent être capables certaines bactéries, des microbes ont, sur terre, au cours d’expériences scientifiques, été portés « à la température ambiante d’Europe », avec, pour résultat, que l’on a « obtenu la même radiation » rouge.

Quoiqu’il en soit, le projet de l’audacieux Bill Stone est bien arrêté. Pour lui, « envoyer une mission sur ce satellite, c’est de l’océanographie ».

Il imagine déjà une telle mission, et, partant, tente de nous la faire imaginer. Le « robot de près de deux tonnes et demie » qui sera expédié dans l’espace devra « échapper à l’attraction » colossale de Jupiter. Ce cap franchi, son « atterrissage »  constituera la phase « la plus délicate ». Mais des rétrofusées ont été prévues, qui ralentiront sa descente.

Ensuite ? Il faudra « déployer le robot », et l’amener à « creuser la glace avec sa torpille », une « foreuse géante équipée d’un laboratoire de bord ».

L’engin sera alimenté au moyen de l’énergie nucléaire. L’Homme, nous l’avons vu, se trouvant, vue la distance, dans la totale impossibilité d’intervenir, les concepteurs de l’appareil seront tenus d’ « envisager tous les scénarios ».

Et puis, si tout se déroule bien, « pendant deux mois, le robot s’enfoncera dans les différentes strates » de la couche glacée, dont il finira par venir à bout. Une fois qu’il sera enfin parvenu au profond de l’océan d’Europe, viendra le temps de procéder au « déploiement du vaisseau-mère » et…vogue la galère (c’est la cas de dire)! S’il y a de la Vie, on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’elle « tire son énergie de sources hydrothermales ».

Mais attention : protégé qu’il est par des kilomètres d’épaisseur de glace, cet océan exotique éventuellement porteur de Vie ne devra en aucun cas être « infecté par un agent extérieur », du type « microbe terrestre » ! Il va de soi que l’appareil devra être et rester impeccablement stérile. Déjà hyper-conscients de cette exigence et hyper-vigilants, les scientifiques responsables de la sonde Galileo ont, en 2003 et au terme de son survol exploratoire d’Europe, pris l’initiative de la faire plonger et se désintégrer sur  Jupiter, ceci uniquement afin qu’elle ne risque pas de contaminer le précieux satellite.

Le robot successeur de L’Endurance sera conçu pour être capable de « se déplacer très vite » en milieu marin. C’est avec la même aisance qu’il devra pouvoir explorer  terrains glacés et terrains caillouteux.

Il disposera, avec cela, d’ « ENGINS AUXILIAIRES », « petits robots » déambulateurs qui seront, le moment venu, envoyés dans des missions de prélèvements d’échantillons hors du vaisseau-mère, qu’on préservera de la sorte.

On en est sûr maintenant, « très tôt la Terre a été bombardée d’astéroïdes et de comètes ». Beaucoup de savants pensent que ces derniers auraient pu « faire voyager la Vie d’une planète à l’autre ». Leur théorie est désormais connue sous le nom de THEORIE DE LA PANSPERMIE. Ainsi, nous affirment-ils, est-il tout à fait raisonnable d’envisager la possibilité qu’il y ait eu, en ces temps reculés, « des échanges [de Vie] entre Mars et la Terre ».

Par contre, pour ce qui est d’ « échanges entre Europe et la Terre », ils sont catégoriques : en raison de la distance et, d’abord, de l’attraction phénoménale de Jupiter, ils voient mal comment de tels processus auraient pu intervenir.

Non, ils le maintiennent farouchement : si la Vie existe sur Europe, non seulement elle présentera un visage dont nous ne savons rien, mais encore elle « sera d’une autre origine » que la nôtre !

Fascinante perspective que celle-là : cela voudrait dire que « la Vie s’est développée partout où elle l’a pu », qu’elle est, en somme, un phénomène « banal » !

Voilà pourquoi le jour où elle nous « montrerait le bout de son nez » sur la lointaine Europe « serait un grand jour », un jour mémorable « dans l’histoire des sciences »

P. Laranco