J’ai découvert, en cherchant les coordonnées d’un de ses
professeurs, qu’HEC avait une devise : « apprendre à oser ».
De notre président aux étoiles du journalisme et de
l’entreprise, HEC fournit l’élite du pays. C’est étonnant à quel point sa cote
a changé en peu de temps.
Après guerre, mon père était fort pauvre, et pourtant il a
refusé de se présenter à HEC, trouvant cela trop dégradant. Il a préféré une
vie misérable d’enseignant, alors qu’il haïssait l’enseignement. D’ailleurs, mes associés d’une époque, des HEC de son âge, qui,
eux, avaient fait de très belles carrières, continuaient de traîner le complexe
de ne pas avoir été ingénieurs. Ce complexe demeure encore, me
semble-t-il : c’est lui qui rend l’HEC modeste et sympathique.
J’ai observé que l’art de (l’ancien ?) HEC est le sophisme,
arranger les preuves qui justifient son point de vue. (J’avais d’abord lu la
devise d’HEC, « apprendre à
causer » !) Pour l’esprit d’un ingénieur, endormi dans une forme
de contentement de soi, l’HEC est un extraordinaire stimulant intellectuel.
Si HEC a gagné, c’est sans doute parce que cette formation
est la mieux adaptée à notre temps. La culture anglo-saxonne nous a
vaincus : nous sommes une nation de boutiquiers.