Tout pouvoir qui s’installe fait son nid avec les mots. Peu d'entre eux sont véritablement nouveaux. Pour donner le change, pas d’autre solution que de puiser dans les réserves des magasins du vocabulaire et d’innover par l’usage. Le recyclage est néanmoins associé aux risques de l’équivoque et de l’anachronisme. Passé l’effet de l’annonce, la surprise sémantique risque de tourner court.
Celui qui naguère se proclamait héraut « du temps enthousiasmant des jeunes lions» a raté la marche de la modernité lexicale. Dénommer l’ancien ministère de l’Industrie, ministère du Redressement productif ne dit pas grand-chose du changement annoncé. Voilà donc qu’un ministre enflammé, occupé à viser la flamboyance, inaugure son premier maroquin par un intitulé incertain. Des objectifs vagues appellent en effet des résultats flous. Que s’agit-il de redresser ? La production ? La politique économique ? Les torts du gouvernement précédent ? Les statistiques ? Les dictionnaires définissent le redressement comme l’action de remettre droit. Diriger la maison du redressement ne peut que générer une image de père fouettard.
Le jeune ministre va être confronté aux situations tordues, voire aux coups qui manquent de droiture fomentés par des individus à l’esprit mal tourné. Il se montera avisé si son action est pensée sous le sceau de la maxime de Jean de La Fontaine qui nous rappelle opportunément que si « l’eau courbe un bâton, ma raison le redresse».
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