Tout content d'aller à la Poste pour faire affranchir un courrier, la dame derrière son comptoir m'accompagne à la machine pour que je le fasse moi-même. Je lui dit gentiment que je n'aime pas les machines car elles tuent les emplois. Je pensais que ça allait lui faire plaisir qu'un inconnu pensait à sauvegarder son poste. Et bien non, elle me dit "Ca ne le tue pas puisque je vous accompagne". Voyant la naïveté de cette personne, je ne suis pas allé plus en avant dans la polémique.
Non ma cocotte, ton emploi est menacé. Souviens-toi il y a quelques années avant l'arrivée des appareils, les guichets étaient presque tous occupés, aujourd'hui on en trouve que deux ou trois. Il y a plus de guichets vides que de guichets occupés, tu as besoin de lunettes ? Les machines ne tuent pas les emplois ? Alors pourquoi n'y a-t-il plus grand monde pour nous servir ? Ne me dîtes pas que tous ces progrès sont censés améliorés la qualité du service. Cela arrange surtout la Poste pour réduire son effectif.
Ce constat est valable dans toutes les entreprises, même publiques. Entre 2002 et 2007, la Poste a perdu 43580 employés, entre 2004 et 2008, la SNCF a maigri de 11931 salariés. Ces quelques exemples pour montrer qu'il y a des raisons de s'inquiéter. Et je ne vous parle pas des réductions d'effectifs annoncées tous les ans sur nos territoires et dans tous les domaines. Une quinzaine de cas attendent le nouveau ministre du redressement productif Arnaud Montebourg : Fralib, Florange, Petroplus...
Cette personne naïve a aussi ajouté "Vous serez bien content de la trouver cette machine quand il y aura la queue au guichet". Non ! J'ai le temps d'attendre et d'être servi, je n'ai pas besoin de courir. Franchement, je fais tous les efforts et j'ai l'impression que tout le monde s'en fout. Madame, j'espère que vous repenserez à cette petite discussion quand on vous annoncera que votre poste est supprimé et qu'il faut choisir entre un reclassement ou la porte (faut-il ajouter en marge que la Poste est maintenant une société anonyme ?).
Avec de tel personnel, les patrons ont finalement raison de ne pas se priver en réduisant les emplois pour les remplacer par des machines ou par des délocalisations. Il existe malheureusement encore beaucoup de gens qui pensent que rien ne leur arrivera et que l'on aura toujours besoin d'eux. Des indispensables, il y en a plein les cimetières. Ne pas regarder plus loin que le bout de son nez est déraisonnable, voire irresponsable. Une sorte d'individualisme involontaire.
Quand tout le monde fera ses courses que sur Internet, se servira son carburant que via un automate, ne passera qu'aux caisses rapides pour scanner soi-même ses articles, il ne faudra pas pleurer qu'il y aura 20 ou 30 % de chômeurs. Vous pensez peut-être que je suis bien pessimiste de voir une telle catastrophe. Mais je préfère rester sur mes gardes et être attentif à ce qui se passe autour de moi que de ne pas voir arriver le boomerang social qui se prépare à long terme. Moins de gens qui travaillent c'est moins de consommateurs et moins de retombées pour un pays.
Les dommages collatéraux sont en gestation, il ne suffira pas de grand chose pour que tout le monde en souffre. Je vous aurais prévenu !