Terdav Trail World Tour, Saint-Jacques, 37e étape: Saint-Jacques est (presque) en vue!

Il y a des jours...où la motivation baisse d'un cran, où l'on a moins envie. Aujourd'hui, sur ce chemin de Saint-Jacques, c'était le cas pour moi. Il faut dire que c'était tout à fait le genre de jour "piège": je suis proche de l'arrivée à Saint-Jacques, qui va tout de même marquer une première "arrivée" puisque à la limite mon parcours pourrait logiquement s'arrêter là, mais je savais bien que je ne l'atteindrai pas ce soir. Un peu plus de 70 kms, c'est trop long pour un homme fatigué, qui en plus va continuer 90 kms de plus jusqu'au cap Finistère. Une journée donc tout à fait transitoire et qui donc me motivait moins, mais restait cependant une bonne marche de 50 kms. Résultat: j'ai un peu eu l'impression de traîner, parfois assez agréablement mais souvent laborieusement, toute la journée. Heureusement, le décor était plutôt compatissant: il restait à l'image de cette Galice, bien agréable, campagnard et bucolique. J'ai quitté l'auberge assez tôt, réveillé en fanfare et vraiment très tôt par mes co-locataires coréens et japonais. Hier soir, j'avais d'ailleurs échangé sympathiquement avec une marcheuse coréenne qui s'exprimait dans un bon anglais. Je l'ai interrogé sur la popularité du "Camino" en Corée. Elle m'a ainsi appris que la communauté catholique, relativement nombreuse, était assez connaisseuse de ce pélerinage, ce qui explique la présence d'autant de Coréen (du Sud, bien entendu!) sur le chemin. Ce que en revanche j'ai plus de mal à comprendre c'est cette habitude de se lever à 5h30 pour accomplir des étapes de 15 à 20 kilomètres sur ce terrain... Peut-être était ce le manque de sommeil, la motivation un peu moins forte, la présence, aussi, c'est vrai, d'un peu trop de monde à mon goût sur le chemin ce matin (allez, je fais un peu mon ours...), mais je n'étais pas vraiment dedans. Pourtant quelques beaux passages m'invitaient à profiter de l'instant, les oiseaux chantaient, les fleurs s'en donne à coeur joie pour colorer mes pas, les villages offrent de belles pierres... le temps, même, est resté de la partie. Aucune raison de me plaindre donc, si ce n'est que j'ai un peu moins envie de marcher que d'habitude. Je m'accorde quelques pauses, espérant ainsi faire repartir la machine... Cependant, j'avance tout de même et comme je suis parti tôt, j'atteins Arzua, au bout de 30 kms, pour l'heure du repas. La ville ne me fait pas une grande impression et malgré les nombreux bars je parviens difficilement à trouver un morceau de tortillas. Je repars dans la chaleur qui s'est bien installée cet après-midi. Certains passage, où le chemin jusqu'à lors vraiment agréable (je le redis tout de même!, retrouve les bords de route (c'est malheureusement un réel défaut de ce camino Francès), ne sont pas vraiment faciles... je peine et n'avance pas bien vite. Surtout qu'à cet endroit là, bien entendu, je ne trouve pas de fontaine qui veuille bien remplir mon bidon, aussi vide que mon énergie... un bar et un distributeur de boissons (on en rencontre tout de même assez souvent, surtout sur ces portions de chemin très fréquentées par les pélerins) me sauveront. En contraste, j'apprécie vraiment les beaux passages dans les forêts d'eucalyptus, aux cimes impressionnantes tendues vers le ciel, et à l'odeur caractéristique. Leur présence me rappelle de très anciennes, déjà, vacances au Portugal, qui n'est pas loin, avec mes parents...j'avais dix ans... En comparaison avec la matinée, je rencontre évidemment beaucoup moins de marcheurs cet après-midi. Juste un duo d'allemande et un autre d'anglais aux abords de mon arrivée. Les cyclistes sont plus nombreux. Malgré mon allure de tortue, j'en vois très souvent deux, qui peinent beaucoup dans chaque montée, et le terrain est assez valloné. Finalement, j'arrive tout de même, au bout de 50 km bien tapés, à l'endroit initialement prévu, O Pedrouzo, qui me fait l'effet d'un gros bourg sans trop d'âme, où s'alignent les bars destinés à la dernière, ou avant-dernière pour les plus lents, étape des pélerins. Tout semble maintenant me tourner vers Santiago et j'ai vraiment hâte d'y arriver, pas trop tard demain, pour profiter de cette belle ville et pour commencer aussi à me dire que mon petit pari est en passe d'être réussi, pour encore mieux vivre les derniers jours de cette "experience of a life time" comme diraient les anglais... A demain, A Santiago!