Des biens publics aux biens communs

Publié le 31 mai 2012 par Boprat
Source : Blog Jean Gadrey
Prenons l’exemple d’un phare côtier (ou de l’éclairage public, ou de la voirie, etc.). C’est un bien public (ou bien collectif) au sens des économistes parce que : 1) l’utilisation de la lumière du phare par une personne ne diminue pas son utilité pour d’autres personnes. Il n’y a pas de « rivalité d’usage ». Ce n’est évidemment pas le cas de la plupart des biens et services produits dans l’économie. Des exemples plus importants que le phare sont les biens dits régaliens : sécurité publique, défense nationale… 2) il est impossible, ou trop compliqué et coûteux, d’exclure des personnes de son usage, en particulier pour réserver cet usage à ceux qui seraient prêts à payer. C’est la propriété de « non exclusion d’usage », qui implique usage collectif et accès sans péage.
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Le terme de bien public est parfois employé de façon plus large. Certains diront par exemple que l’air que nous respirons est un bien public car il n’y a ni rivalité d’usage (sauf dans un espace confiné, une navette spatiale…) ni possibilité d’exclusion. Mais l’air pur en libre accès n’a aucun intérêt pour les économistes. Il ne devient « économique » que s’il faut des activités pour en maintenir la qualité, la « respirabilité », etc. Comme on va le voir, on entre alors dans le monde des biens communs.
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Les biens communs désignent des qualités de ressources ou patrimoines collectifs pour la vie et les activités humaines (des biens communs naturels par exemple), ou des « qualités sociétales » (l’égalité des femmes et des hommes dans de nombreux domaines, la sécurité professionnelle des travailleurs, le fait que la population soit « en bonne condition physique », voir le texte de LC). Pour les qualifier comme BC, il faut un jugement commun d’utilité collective (voir le texte de LC) selon lequel tous, par principe, devraient avoir la possibilité d’en bénéficier ou d’y d’accéder. Il y a de l’intérêt général dans ce jugement, de l’utilité sociale ou sociétale, des « richesses collectives fondamentales », des finalités ou valeurs de société, voire des droits universels, autant de notions qui peuvent intervenir, mais avec les « biens communs » on utilise un terme englobant « riche » de significations, même s’il ne s’inscrit pas encore dans le langage courant.
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En mettant les biens communs au coeur des projets politiques de «transition», du local au global, on affirme la primauté d’une économie de montée en qualités collectives sur une économie de croissance des quantités ou du pouvoir d’achat, une primauté de la coopération sur la concurrence, et de la démocratie sur l’autocratie dans ses diverses variantes.


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