La veille du concert, le site de l'AB annonce une double première partie au concert de Julia Holter: Chris Votek et Corey Fogel.
C'est qui ceux-là, te demande un quidam à l'entrée?
Chris et Corey s'avèreront être les musiciens accompagnant la résidente de L A.
Le préposé à l'accueil t'indique que 190 tickets ont été liquidés en prévente, à 20h on est 20 à tout casser dans le club, dont la fine équipe: Greg, Lio et Rudi.
20:10' Corey Marc Fogel
Il est concentré et peu loquace, il imagine de nous bassiner les tympas en grattant une cymbale avec un stick ..grrrr, grrrr , grrrr pendant de longues minutes, il la tapote, essaye de ramasser un bâton avec un pied dénudé, griffe un tom de ses ongles, actionne la pédale de grosse caisse au hasard... cette gymnastique expérimentale, pseudo-intellectuelle, a vite fait de t'énerver un max, tout comme tes voisins, tu bailles en admirant les contorsions du drôle qui se dit que si Jerry Lee Lewis joue du piano avec ses panards, il peut faire de même et battre toms ou caisse claire avec sa voûte plantaire, l'hallux et ses voisins.
A la rigueur, son improvisation, aussi mélodique que les sons produits par une tronçonneuse malade, pourrait servir de toile de fond pour une performance dansée mais, ici, ça frise le ridicule, le pédant.
Il ramasse une cowbell, la masturbe, la racle espérant la faire jouir, l'abandonne et continue ses expériences cacophoniques.
20 minutes de branlette... Saint- Nicolas aurait dû lui offrir un pipeau!
Au suivant: Chris Votek!
Un violoncelle, un jeu de pédales.
Bonne nouvelle, Chris est doué de parole et nous explique qu'il va s'attaquer à deux improvisations de musique classique indienne ( râga).
Un bourdon lancinant en background, on aura droit à d'intéressantes mélodies empreintes de mysticisme et de préciosité.
Chris Votek est loin d'être un abruti, sa chamber music, idéale pour la méditation transcendantale ou le yoga, impose le respect.
Une troisième composition, tout aussi envoûtante, nous conduit au bord du Gange où quelques fidèles psalmodient un chant à la gloire de Ganesh.
Something completely different, now: un free electronic jazz ayant eu à souffrir du manque d'habileté technique de Chris s'empêtrant dans ses loops et effets.
Au jeu des comparaisons on avancera Catherine Graindorge, en supprimant le côté spirituel.
21:20' Julia Holter
An L.A. artist who makes bedroom pop that's ethereal enough to fill a church ( Pitchfork).
La chanteuse/pianiste a sorti deux albums ' Tragedy' et le tout récent 'Ekstasis' , elle cite Joni Mitchell, Robert Wyatt et le compositeur de musique électronique/ contemporaine Robert Ashley comme influences.
On a également reniflé des effluves Kate Bush.
Un ricanement en signe de salut, flanquée de Chris et Corey, la frêle enfant entame' Our sorrows' plage à l'ambiance feutrée, décorée de psychedelic drones.
Joli!
' Für Felix' , un feuillet doit l'aider à se souvenir des lyrics d'un titre nageant dans les eaux Kate Bush/ Joanna Newsom ou certains Björk aériens.
Le chant fluet se veut neutre, voire sacré , toute émotion ou passion étant proscrites.
Elle enchaîne avec le sophistiqué' Marienbad' , une comptine, hommage à Alain Resnais?
Le cello amorce une brusque accélération, un bridge explosif avant de revenir aux sonorités ouatées proches d'un clavecin médiéval.
Accroche-toi, la suivante s'intitule ' Try to make Yourself a work of art' ( sur le premier CD), du néo-classique murmuré et froid, fondant sur 'Four Gardens'.
'This is Ekstasis' tout aussi cérébral, esthétique et de structure en dents de scie.
Pas un mot au public depuis le début du set, distanciation et détachement hautain.
L'angoissant ' Betsy on the roof' précède 'Boy in the moon' aux effets nébuleux t'invitant à la méditation. Ton corps et ton esprit ont beau flotter dans une aura de mystères et d'ombres, hypnotisés par la voix et les nappes boréales, le manque d'âme commence à irriter!
Imperturbable, le trio s'attelle à la suivante, scandée et saccadée à la Regina Spektor ( la playlist indique 'Gaston').
Retour à Ekstasy avec l'intrigant New Age track 'Moni Mon Amie' , à la fois proche de Enya et de l'ambient cabaret .
Sur disque, c'est passionnant, sur scène, tu n'accroches pas vraiment.
Un souffle amorce le lament mélodramatique ' Goddess Eyes' qui précède le dernier titre , le catchy ' In the same room' avant lequel elle nous adresse un thank you, Brussels murmuré et présente les musiciens.
Applaudissements polis et un bis, solo, a ( very) short lullaby non repris sur le feuillet.
L'overdose de Julia Holter ne sera pas recommandée aux neurasthéniques!