Le Mali, ses hussards et sa démocratie
Publié le 30 mai 2012 par 250673gc
A Bamako, on vit dans l’expectative. On s’interroge. On implore les dieux : eux les pourvoyeurs de la bienheureuse baraka. Car nul ne
peut dire aujourd’hui si l’accord conclu entre le président intérimaire Dioucounda Traoré et les militaires putschistes permettra à cette cité des épopées et d’empire de lumière de retrouver le
chemin de la paix et du développement.Puisque c’est à cause de ce parchemin (pacificateur, paraît-il !) qu’une bande de manifestants en
furie est allée s’en prendre – physiquement – à celui dont on a confié pour une période de douze mois les rênes de la transition. Pitoyable scène ! Incompréhensible attitude ! Quand on
sait que le fameux texte n’offre pas grand-chose à M. Traoré. Celui qui y gagne est bien le capitaine Amadou Haya Sanogo (photo), le principal chef d’orchestre du putsch du 22 mars
dernier.Avec la bénédiction de la Cédéao (Communauté économique des Etats de
l’Afrique de l’Ouest), ce dernier s’est vu attribuer le statut d’ancien chef d’Etat. Un statut qui lui procure émoluments, logement, voiture et chauffeur… Mais franchement méritait-t-il tout
cela ? La réponse est évidemment non.Le capitaine Sanogo et sa troupe ont mis fin au pouvoir d’un homme (ATT) qui était
l’émanation du suffrage universel. Le peuple lui avait déjà donné son onction. Autrement dit, s’il ne pouvait être exempt de reproches voire de protestations, son mandat, lui, était démocratique.
Seule la sentence (pas celle du pistolet, pas celle d’hussards belliqueux et envieux) des urnes aurait pu lui retirer sa charge supérieure. C’est par la démocratie, oui seulement par elle, et
rien d’autre, que le Mali construira son présent et son futur. Penser le contraire, c’est de donner sa caution à toutes les
basses manœuvres hypothéquant le destin de cette noble nation qui promptement et astucieusement doit résoudre la lancinante question touareg. Il y va de sa cohésion.
Guillaume Camara