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- Tibet Tabou - L’éditorial de Hedi Dahmani -
Sources : Journal La Provence du Mardi 18 Mars 2008 !
Depuis le 11 Mars, la Chine ne viole plus les droits de l’Homme. C’est juste un “Pays autoritaire”
Loin d’ici, à quelques 7500 km à vol d’oiseau, il est une région grande comme sept fois la france. On y trouve des chèvres, des moutons, des yaks. Aux hauts plateaux succèdent des près, des forêts tropicales et des steppes glacées. Une des dernières merveilles écologiques, paraît-il. Bon, il y a des gens aussi. Mais ça va, ils ne sont pas trop nombreux : à peine six millions d’individus. Parmi eux, il y en a une poignée qui n’aime pas trop le pouvoir central de Pékin. Parce qu’au Tibet, ces rigolos de Tibétains croient qu’ils devraient être indépendants. Voire, du moins, jouir d’une certaine autonomie. Quels ingrats.
A croire qu’ils ont oublié l’abnégation de l’Armée populaire de libération (du grand Mao Tsé Toung) qui ne s’est invitée en 1950 dans la région que pour les “libérer”, oui, des oligarques locaux alliés aux méchants étrangers. Le leader des Tibétains s’appellent Tenzin Gyatso. Mais les Occidentaux connaissent davantage son titre : Dalaï-Lama. Exilé en Inde depuis bientôt un demi-siècle, ce personnage étrange croit aux vertus de la non-violence, du dialogue et du compromis. Les Chinois, ces discours-là, ça leur fait une belle jambe.
Ce qui leur importe, c’est que la population prenne soin des chèvres, des moutons, des yaks. Pas qu’elle proteste contre leur présence. Lundi 10 Mars 2008, des heurts ont éclatés dans la ville de Lhassa, entre des moines bouddhistes et les autorités officielles. Comme c’est un peu loin de l’Occident, les informations ont du mal à parvenir. Le lendemain, donc, les Etats-Unis retiraient la Chine de leur “Liste Noire” des pires états violeurs des droits de l’Homme pour rejoindre le rang de “pays autoritaire en pleine réforme économique“. Le gouvernement tibétain en exil aura apprécié. Et à l’heure qu’il est, le bilan des émeutes se monterait à plusieurs centaines de morts selon les organisateurs (dix selon la police). Pas de quoi s’émouvoir, en effet : dans un même élan, Paris et Washington ont ainsi demandé aux “deux parties de faire preuve de retenue”. C’est vrai, les Tibétains devraient arrêter de se précipiter torse en avant sur les balles chinoises. Et l’opignion publique de s’émouvoir. A cinq mois des Jeux Olympique, il n’y a franchement pas de quoi fouetter un yak.