Avertissement aux lecteurs:
lectrices raffinées, lecteurs élégants, vous lisez ici le 500e article de ce blog créé le 4 juillet 2009, date de la fête nationale des Etats-Unis d'Amérique, pays de naissance du Jazz. Il est illustré par une photographie prise par mon honorable associé Juan Carlos Hernandez dont le talent est à louer et l'oeuvre à vendre. Je souhaite que vous soyez toujours plus nombreux à lire, apprécier, détester, louanger, exécrer, commenter, diffuser ce blog. Que les dieux et les muses vous protègent!
Soirée spéciale Jean-Charles Richard.
Paris. Studio de l’Ermitage.
Mercredi 23 mai 2012. 20h.
Jean-Charles Richard Trio
Suivi du Quintette Résistance Poétique de Christophe Marguet avec Jean-Charles Richard
Jean-Charles Richard : saxophones soprano, baryton, composition, direction
Peter Herbert : contrebasse
Wolfgang Reisinger : batterie
Sortie du premier album “ Traces “ chez Abalone Productions.
Puis
La photographie de Christophe Marguet est l'oeuvre du Poétique Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette photographie sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.
Christophe Marguet: batterie, composition, direction
Mauro Gargano: contrebasse
Bruno Angelini: piano
Sébastien Texier: saxophone alto, clarinette, clarinette alto
Jean-Charles Richard : saxophones soprano, baryton.
Sortie du nouvel album « Pulsion » chez Abalone Productions.
Ca commence donc par le trio de Jean-Charles Richard qui embouche son baryton. Musique bien énergique, funky même mais pas si simple. Solo de contrebasse à l’archet alors que la batterie martèle et que le sax baryton attaque. Charlie Parker aimait faire ça. Commencer par le morceau le plus rapide pour tester ses musiciens. A la contrebasse, Peter tape ses cordes à l’archet puis revient à la pulsation du pizzicato. Ils chargent comme un troupeau de bisons mais en plus ordonné. C’était « Tumulte », un titre logique.
S’ensuit « Wiener » un titre tout aussi logique puisque Peter Herbert et Wolfgang Reisinger sont Autrichiens, Viennois même. Sax soprano. Duo haché entre la contrebasse à l’archet et le sax. Ca chante comme trois oiseaux. Un qui file au vent, un qui glisse sur des cordes, un qui danse sur des tambours. On est loin de la valse brune ou bleue. Une fin en forme de plaisanterie à la Karl Kraus.
Solo de contrebasse à l’archet bien sombre, inquiétant. Le batteur ajoute sa vibration avec les maillets sur les cymbales. Son très frais, aérien du soprano. C’est beau comme des nuages qui s’effilochent au gré du vent. Wolfgang est passé aux baguettes insistant sur les cymbales qui vibrent. Cela se termine comme cela a commencé, par un frottement doux de l’archet sur la contrebasse.
Sax baryton. Très beau son continu du baryton. Ca vibre comme un moteur de cargo. Pas encore culte mais déjà cargo. Il fait aussi la brise de mer, lointaine et menaçante. Il existe encore en 2012 des spectateurs qui ne savent pas qu’un portable s’allume APRES le concert. Toute une éducation à faire. L’archet glisse lentement sur la contrebasse. La batterie est chatouillée aux balais. Le Pas de Calais la nuit entre Manche et Mer du Nord, une nuit d’hiver dans la brume, les cargos se croisent en grondant. Voilà les images que me suggèrent cette musique. C’était « Le reliquat du bonheur » puis « Firmament ».
« Myosotis » dédié aux papillons, une fleur symbole du souvenir. Jean-Charles commence seul, une ballade a priori. C’est tout en douceur, en velours. La contrebasse ronronne, la batterie chante sous les balais.
« Neige grave » (Peter Herbert). Wolfgang commence par faire un son de clochettes évocateur du traineau, de l’hiver. Jean-Charles joue avec ses clefs sans souffler. Ca fait des percussions au baryton. Un Dj remixe ça et il en fait un hit. Peter se met à tapoter la tête de sa contrebasse. Duo de percussions entre baryton et contrebasse. Il neige grave, c’est clair. Ca y est, le trio est parti, léger, altier. Le batteur a pris les baguettes souples, les sticks. Ca vibre de partout.
PAUSE
Quintette « Résistance poétique » de Christophe Marguet avec Jean-Charles Richard.
Ca commence par un joyeux chaos collectif. Puis Bruno lance un air vif, allègre au piano. Et c’est parti vite, puissant, structuré, tenu mais libre. La rythmique sonne hard bop à l’ancienne. Très efficace d’ailleurs. Le papy moustachu que je croise régulièrement aux concerts de Jazz est parti à la pause. Il avait gardé sa casquette, son blouson, son écharpe pour écouter. Impressionnant. Quel sang froid ! Ca devient plus féroce pour lancer Jean-Charles Richard au soprano en duo volcanique avec le batteur. Sébastien Texier savoure en attendant son tour. Le voici, léger et mordant, bien soutenu par la rythmique. Ils enchaînent en douceur, sur une ballade. Même pas le temps d’applaudir. Très grosse pulsation de la contrebasse, quelques notes de piano et le baryton qui avance à pas de lion, nonchalant et puissant. Le quintet repart en puissance après le solo d’alto. Ca s’apaise doucement. Bruno égrène les notes dans l’aigu alors que les cuivres glissent portés par l’archet sur la contrebasse.
Ca redémarre sec à la batterie aux baguettes. La contrebasse relance le débat. Dialogue vif, ferme et courtois. Piano et sax alto jouent à leur tour en duo. Le quartet démarre nerveux, sautillant. Le quintet est reparti, tempétueux d’abord, calme ensuite. Il y a des coups de vent et des bonaces.
Retour à la clarinette alto pour Sébastien, au soprano pour Jean-Charles. Intro à la batterie. Les tambours vibrent sous les baguettes. Des tambours de paix. Christophe Marguet s’énerve avec les baguettes sur les tambours. Après avoir longuement écouté les tambours majeurs comme Max Roach ou Art Blakey, vous mesurez l’écart entre les Maîtres et un disciple comme celui-ci. Le quintette repart avec une fort jolie mélodie. Ca chante. Ca balance.
C’était « Tiny feet dance ». Ils avaient commencé par « San Francisco » puis « Choral Spirit ».
« Le repère ». Solo de contrebasse pour commencer. Léger friselis de cymbales pour accompagner. Bruno accompagne à la main gauche seule. Ce repère est bien caché. Sax soprano et clarinette entament une sorte de pavane. Bruitages du piano en réponse à ceux de la batterie et des percussions (collier de coquillages). Ca finit dans un silence d’approbation avant un tonnerre d’applaudissements.
« Ambroseli » ( ?). Il s’agit d’un parc animalier au Kenya. Duo clarinette/baryton. Ca vrirevolte. La contrebasse fait des pas d’animaux. Bruno tapote les cordes de son piano avec des maillets. Ca bruisse, vibre, crache de partout. Bref, c’est la jungle. Mauro Gargano installe la pulsation. Le sax baryton fait l’éléphant, la clarinette, la gazelle, l’ibis même. Ca s’énerve. Le quintette démarre groupé. Ils chargent comme des gnous, s’envolent comme des flamants roses. Tout ça à la fois ? Et oui ! Belle envolée finale, lyrique et rythmique. Comme Clément Janequin nous a transmis les Cris de Paris, le quintette Résistance poétique nous offre la brousse est africaine à Paris.
RAPPEL
Clarinette alto, sax soprano. Un morceau rapide et sombre. Ca chante. C’est bon d’écouter de la musique qui chante tout en étant libre, audacieuse, loin de toute rengaine.
Contrairement à mon voisin vêtu et moustachu, j’ai assisté aux deux concerts de Jean Charles Richard au studio de l’Ermitage. En leader puis en sideman. Bien m’en a pris. J’ai découvert un nouveau groupe, le premier et redécouvert un groupe stable et créatif, le second. Ca coûtait d’ailleurs moins cher d’assister aux deux concerts qu’au premier puisque le prix d’entrée valait pour les deux. Mauvais calcul économique et artistique de mon voisin donc. Tant pis pour lui, tant mieux pour moi et tous ceux qui sont restés jusqu’au bout de cette soirée.