Memories corner, film d'Audrey Fouché
Publié le 30 mai 2012 par Onarretetout
Kobe, tremblement de terre, 1995. Près de 6500 morts. Quinze ans plus tard, une jeune journaliste française (Déborah François) fait partie d’une délégation venue constater la situation. Elle cherche une histoire. C’est l’histoire qui va la trouver, en la personne d’un homme étrange (Hiroshi Abe) qui lui confie une pochette qu’elle n’ose ouvrir, puisqu’on lui dit que c’est un porte-bonheur qui, ouvert, n’a plus d’effet. Tous autour d’elle, à commencer par son interprète (Hidetoshi Nishijima), vont tenter de la protéger. Mais elle se comporte comme une de ces touristes qui vont au loin sans égard pour les usages locaux (on ne serre pas la main au Japon, on ne touche pas l’autre, on ne mange pas dans les transports en commun…). Pourquoi son interlocuteur l’a-t-il choisie ? Et qui est-il, cet homme qui, journaliste auparavant, a publié des articles sur les « morts solitaires », ceux qui, ayant survécu au séisme, sont morts plus tard n’ayant pas retrouvé leurs proches. Audrey Fouché n’a pas donné le beau rôle à cette journaliste en quête de scoop, tandis qu’autour d’elle souffrance et besoin d’amour crèvent l’écran. Et il nous faut du temps, comme il lui a fallu de la patience, pour comprendre ce qui se passe, pour franchir la ligne qui sépare l’Occident de l’Asie : arriver à Kobe, rencontrer les gens, la ville, la nature, comme si les pas menaient inexorablement, sans qu’on s’en aperçoive immédiatement, vers ce lieu improbable, l’épicentre. Et ce qu’Audrey Fouché nous y montre vibre étrangement, après le séisme de mars 2011.