Polémique sur le paiement des impôts en Grèce (suite)

Publié le 30 mai 2012 par Copeau @Contrepoints

Christine Lagarde, présidente du FMI, a créé la polémique en demandant aux Grecs de payer leurs impôts, pour sortir la Grèce de la crise. Des propos fort peu diplomatiques il est vrai. Dans le contexte actuel en Grèce, était-il opportun de les tenir ? Ou, ne fallait-il pas les formuler d’une autre façon ?

Par Vladimir Vodarevski.

Christine Lagarde en 2007 (CC, World Economic Forum)

Christine Lagarde, présidente du FMI, a créé la polémique en demandant aux Grecs de payer leurs impôts, pour sortir la Grèce de la crise. Des propos fort peu diplomatiques il est vrai. Dans le contexte actuel en Grèce, était-il opportun de les tenir ? Ou, ne fallait-il pas les formuler d’une autre façon ?

Le gouvernement grec est conscient du problème de recouvrement des impôts et taxes. Il modernise dans l’urgence l’administration fiscale, et en augmente le personnel. Il est un peu poussé dans ce sens par le FMI et l’Union européenne. Mais, c’est un fait, une meilleure efficacité dans le recouvrement des impôts et taxes résoudrait en partie les problèmes de la Grèce. Ce pays comporte une économie souterraine importante, comme le montre cet article : Les Grecs payent-ils leurs impôts ?

Cependant, quand quelqu’un occupe de hautes responsabilités, il se doit d’envisager toutes les conséquences de sa communication. Il est certain que, dans le contexte actuel, dénoncer globalement les Grecs car le recouvrement des impôts et taxes est inefficace est contreproductif. La classe politique grecque a désigné l’Europe et le FMI comme les responsables des efforts que doivent faire les Grecs. Christine Lagarde, avec ses propos sentencieux, ne fait que renforcer cette rhétorique.

Par contre, Christine Lagarde aurait pu axer ses propos sur les riches Grecs. Ce sont ceux qui profitent le plus du laxisme fiscal. Comment demander à la classe moyenne de payer ses impôts, et les taxes, et les cotisations, si elle voit les plus aisés se jouer du système ?

Et, plus spécifiquement, qu’en est-il des dirigeants de la Grèce ? Ce pays est assez particulier. Quelques familles se partagent le pouvoir par delà les générations : les Papandreou, les Karamanlis. Personne n’a protesté quand l’ancien premier ministre Georgios Papandreou a violemment critiqué l’Allemagne et la France. Cependant, sa famille semble riche. Avec beaucoup d’avoirs à l’étranger, apparemment, puisqu’il y a vécu assez longtemps. Et les armateurs grecs, n’ont-ils pas d’argent ? Combien d’impôts paient-ils sur leurs bénéfices ? Toutes ces grandes familles n’ont-elles pas certains moyens ? Ne pourraient-elles pas, d’abord montrer l’exemple, puis, faire une contribution exceptionnelle à leur pays ? L’Église Orthodoxe est elle aussi critiquée dans la presse pour son patrimoine.

Ces thèmes ne sont pas évoqués dans la presse. Sauf pour l’Église orthodoxe. Il est donc difficile de se faire une idée. Mais, en l’absence d’information, beaucoup de questions se posent. Et Christine Lagarde aurait pu les poser, plutôt que de critiquer le peuple grec dans son ensemble.

L’Allemagne, les marchés financiers, l’Europe, le FMI, sont les cibles privilégiées de la classe politique grecque, et de nombre de commentateurs. Ne serait-il pas temps de s’interroger sur la Grèce, et sur ceux qui l’ont menée là où elle est ? Ce n’est pas l’Allemagne, ce n’est pas l’Europe. Ce sont ses dirigeants, ces familles qui se partagent le pouvoir.


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