"Le chroniqueur de cette station ne sera plus à l'antenne de RTL, le matin, en septembre."
Cette décision aurait été prise de longue date selon le journaliste-blogueur, bien avant l'incident Taubira, "l'intéressé étant jugé clivant et partisan". Il ajoute:
"Pour que cette décision n’apparaisse pas comme une sanction politique, depuis l’élection de François Hollande à l’Elysée, à l’égard de celui dont les opinions droitières sont connues, il avait été décidé de lui proposer d’intervenir à l’antenne le week-end: une voie de garage que les dirigeants de RTL auront le plus grand mal à expliquer après ce dernier accroc survenu vendredi."
Renaud Revel veut sans doute dire "survenu mercredi"...
Qu'a donc dit encore Eric Zemmour pour mériter tant de haine? Il a mis en parallèle d'une part l'urgence pour la ministre de la Justice de faire considérer le harcèlement sexuel comme un crime et les hommes comme des criminels, d'autre part l'urgence pour la ministre d'être compréhensive et compatissante avec les délinquants juvéniles "qui volent, trafiquent, torturent, menacent, rackettent, violentent, tuent aussi parfois".
Le MRAP et SOS Racisme, qui existent surtout, sous couvert d'anti-racisme, pour empêcher les esprits libres de s'exprimer sur des sujets devenus tabous, ont aussitôt dénoncé le chroniqueur. Le premier a qualifié sa chronique de "haineuse, raciste et misogyne" et demandé au Conseil supérieur de l'audiovisuel d'"exercer sa mission" contre RTL. Le second, dans une tribune du Monde ici, sous la signature de son président, Dominique Sopo, parle de "la vision racialisée" d'Eric Zemmour et de "la sollicitude" de RTL qui permet à la "haine quotidienne" du chroniqueur de s'exprimer.
L'internaute pourra juger si ces reproches sont réellement fondés et si les propos du chroniqueur ne ressortissent pas, tout simplement, au genre polémique. En effet, ci-après, il pourra écouter l'émission d'Eric Zemmour du mercredi 23 mai 2012 et lire le script de cette chronique.
Quoi qu'il en soit, même si l'on ne partage pas les points de vue d'Eric Zemmour ou la manière qu'il a de les exprimer, la campagne menée contre lui par des organisations de gauche et par un hebdomadaire de gauche pour l'empêcher de parler alors que la gauche est largement dominante dans les médias et s'apprête à détenir le dernier pouvoir qui lui manque, le législatif, montre que la liberté d'expression est décidément réduite en France à une peau de chagrin. Les voix discordantes sont priées de se taire pour que l'ordre socialiste règne.
RTL dément prudemment ici qu'il soit question de retirer à Eric Zemmour sa chronique matinale:
"Aucune décision n'a été prise, fait savoir la direction de la station. La grille des programmes de la rentrée est en cours de révision. Il y aura des aménagements comme tous les ans, mais Éric Zemmour finit la saison comme prévu."
Cela n'est guère rassurant. Eric Zemmour finit la saison comme prévu - elle se termine fin juin -, mais en commencera-t-il une autre?
Francis Richard
Chronique d'Eric Zemmour du 23 mai 2012:
Script de cette chronique:
"Il faut combler le vide juridique. Il faut réprimer. Il faut sanctionner ce délit grave. Il faut défendre les victimes. Dès son arrivée place Vendôme, Christiane Taubira s’est montrée impitoyable. Avec des accents presque sarkozystes, elle s’est émue de la souffrance des victimes et a promis de pourchasser les bourreaux, d’être dure avec le crime et les criminels. Le crime, c’est le harcèlement sexuel, et les criminels, ce sont les hommes. La harceleuse sexuelle est une espèce encore rare et les plaintes d’hommes plus encore. Mais, interdit de rire, trêve de gaudrioles, de gauloiseries, de blagues lourdes, salaces, de mains baladeuses. Ce crime doit retrouver le chemin du code pénal, d’où le Conseil constitutionnel l’a sorti inconsidérément, et les harceleurs le chemin de la prison.
- Jusque là je ne vois pas où est le problème…
- Mais Christiane Taubira sait aussi redevenir douce et compatissante, compréhensive, une maman pour ses enfants, ses pauvres enfants qui volent, trafiquent, torturent, menacent, rackettent, violentent, tuent aussi parfois. Ils sont encore des adolescents, mais certains sont des chefs de gang redoutés. D’autres sont encore apprentis, mais ils apprennent vite. Le trafic de drogues rapporte énormément. Cela donne envie de progresser. Ils sont souvent les véritables patrons de leur quartier faisant régner la terreur mais jouant aussi les banquiers généreux de nombreuses familles. Les offices HLM et les grandes surfaces y sont massivement payés en argent liquide.
C'est peut-être en raison de ce rôle social que notre ministre de la Justice de gauche est pleine de sollicitude pour eux. Elle se précipite dans une prison pour assister à un match de basket entre prisonniers et surveillants. Un basketteur en profite d’ailleurs pour s’évader. Elle supprime le tribunal correctionnel pour adolescents récidivistes créé par le précédent gouvernement. Les juges pour enfants pourront retrouver leurs ouailles. Elle annonce aussi son intention d’abolir les peines-plancher pour ces mêmes multirécidivistes, qui contraignaient, au nom d’une lourde réalité pénale, certains de ces juges à sortir de la culture de l’excuse.
Mais, la réalité, Christiane Taubira n’en a cure. Elle applique un dogme. Ses évangiles sont la fameuse ordonnance de 1945 sur la délinquance juvénile qui privilégie l’éducation. Pour Taubira, comme pour son mentor Pierre Joxe, ancien ministre de Mitterrand, avocat sur le tard, ces pauvres enfants sont victimes de la société qui les rejette par xénophobie et racisme.
En quelques jours, Taubira a choisi ses victimes, ses bourreaux. Les femmes, les jeunes des banlieues, sont dans le bon camp, à protéger, les hommes blancs dans le mauvais. Après tout, les femmes votent majoritairement à gauche depuis 1981, et, dans les banlieues, Hollande a réalisé des scores de dictateur africain. Mais, en quelques jours, la ministre de la Justice a pris de vitesse son collègue de l’Intérieur, le Premier ministre et le Président de la République lui-même. Elle a donné une couleur angélique aux débuts de la gauche, qui la ramène là où elle ne voulait pas forcément revenir."