Ministre des finances, Christine avait déjà à de nombreuses reprises démontré son habileté langagière : elle avait une fois déclaré que la croissance du chômage témoignait de sa stabilisation, que notre production avait pour un trimestre donné connu une croissance négative, qu’une autre année il avait été aisé pour l’Allemagne d’afficher une croissance du PIB supérieure à la nôtre étant donné que l’année précédente cette croissance avait été très inférieure à la nôtre. Nous l’avons aussi entendue recommander aux Français de lutter contre la hausse de l’essence en se déplaçant à vélo, vue offrir à un journaliste américain un béret et admirée faisant des photos pendant une réunion internationale.
Mais il ne s’agissait alors que d’insultes à la logique ou de fautes de goût. Elle vient d’aller plus loin dans l’incompétence, montrant une absence totale de sens diplomatique. Dans une interview du 26 mai au quotidien britannique The Guardian, Madame Lagarde, maintenantdirectrice générale du FMI, estime que les Grecs devraient « commencer par s’entraider collectivement» en «payant tous leurs impôts » et elle ajoute : « En ce qui concerne les Grecs, je pense aussi à tous ces gens qui essaient tout le temps d’échapper aux impôt s ».
Il est certain que des Grecs ont excellé dans un sport qui n’est d’ailleurs pas leur exclusivité. Il est aussi évident qu'ils ont été aidés par des lacunes de leur législation. Mais la mission du FMI est d'encourager la coopération monétaire internationale, de veiller à la stabilité financière, de faciliter le commerce international, d'œuvrer en faveur d'un emploi élevé et d'une croissance économique durable, et de faire reculer la pauvreté dans le monde. Assurément pas de condamner à cette pauvreté tout un peuple pour les agissements de certains. Le Huffington post du28 mai nous apprend que Christine Lagarde, fonctionnaire international, qui a perçu en 2011 380.939 € (dont 57.829 € de frais de représentation) n'est pas soumise à l'impôt sur le revenu. Cela la qualifie évidemment pour juger ceux qui s’arrangent pour y échapper.
Elle est allée encore plus loin dans l’oubli de ses devoirs. Dans la même interview, elle nous a fait part de ses sentiments : « Je pense plus à ces jeunes enfants dans un petit village du Niger qui vont deux heures par jour à l’école, partageant une chaise pour trois, et qui rêvent d’avoir une bonne éducation. Je pense à eux tout le temps. Car j’estime qu’ils ont encore plus besoin d’aide que les gens à Athènes ». Je ne pense pas qu’elle soit seule à juger qui a le plus besoin d’aide du FMI. Gageons que, puisqu’elle a la chance de ne pas payer d’impôt, elle adresse régulièrement sur sa cassette personnelle des dons à ces enfants du Niger auxquels elle pense tout le temps.