Pour la seconde moitié du marathon, on retourne sous la grande tente où nous attend:
Shirley Johnson
L'archétype féminin du Chicago blues aux coloris gospel et soul, ayant comme des dizaines d'autres, débuté sa carrière vocale à l'église.
Née en 1949 à Franklin, Virginia, elle chante le gospel in the church choir dès l'âge de 6 ans.
Ses parents profondément religieux ne voulaient pas entendre parler de blues ou rhythm'n blues et pourtant...dans les seventies elle peut ouvrir pour Aretha Franklin!
Plus tard elle grave quelques singles et émigre vers Chicago.
En 1996 un album ' Looking for Love', d'autres suivront, en 2012 ' Blues Attack'.
Son band a pour mission de chauffer le public, déjà en sueur, pendant un round d'échauffement de trois titres de funky blues torride, dont un méchant Albert King ( merci Luk): sous les spotlights, le seul amerloque de la troupe, le superbe et costaud Luke Pytel ( Luke Pytel Blues Band, Cadillac Dave, Liz Mandeville...) au jeu de guitare souple et efficient- les locaux: la star, Marcus Weymare aux drums ( Julian Burdock, Froidebise Trio, Beverly Jo Scott et des centaines d'autres..) - le doué Gunter Callewaert à l'Hammond et le très demandé, Carlo Van Belleghem à la basse ( Marjan Debaene, Zina, Derek etc..).
Puurs put your hands together for Shirley Johnson from Chicago... clap, clap, clap...
' I'm gonna find me a lover' ( sur 'Blues Attack') , merde, elle se tape 63 ans la madame qui n'a pas vraiment la silhouette Jane Birkin/ Kate Moss.
Gruff voice, du blues puissant à la Koko Taylor ou Katie Webster.
Elle enchaîne sur ' Peepin & hidin' et le fabuleux Otis Redding, 'I've got dreams to remember'.
Toujours dans un bain downtempo: ' The thrill is gone' ...aucune prise de risques mais un boulot de pro, efficace et sérieux!
On accélère le tempo: 'Just like that ', du smooth funk ' Take your foot off my back' , puis l'immanquable slow blues ' You're wreckless', sans faute de goût, ' As the years go by' puis le titletrack ' Blues Attack' pour finir par le terrible r'n'b de Wilson Pickett/ Eddie Floyd ' 634 5789' !
Thank you, Puurs
Direction Tiendenschuur ( il n'y aura pas place pour tout le monde): premier set ( un second, que tu manqueras, pause restauration) de Guy Davis!
Acteur et musicien ( chanteur, guitariste, harmoniciste, banjo player).
Tu peux comparer son folky blues rural à Taj Mahal , Keb Mo ou Eric Bibb.
Ce parfait gentleman a répondu à toutes les attentes, son blues sincère, son timbre chaud et son approche humble ont ravi Puurs.
En 2012, il a sorti un double CD ' The adventures of fishy waters: in bed with the blues'.
Au moment où tu te pointes, il vient d'amorcer en picking ' The chocolate man' , enregistré en 2006 sur 'Skunkmello'.
Il invite un frêle et juvénile petit gars dans l'assistance, un certain Paul from Bulgaria, afin de l'accompagner à l'harmonica pour' Drifting Blues' , le standard West Coast Blues style de 1946.
Incroyable ket, un soufflé blues impeccable... Puurs admiratif!
Blind Willie McTell, ' Statesboro blues' tout aussi racé, suivi d'un tribute à Sonny Terry, ' Did you see my baby', pendant lequel Guy se permet quelques déhanchements censurés par la ligue des femmes contre l'impudeur et la débauche.
Luk me fait un signe: tijd voor de grote tent, on quitte Guy Davis!
Kenny Neal
Un gars de la Louisiane ressemblant, vaguement, à Yannick Noah, physiquement, car son furieux swampblues n'a rien à voir avec la daube que le gars ayant triomphé à Roland Garros nous sert, depuis qu'il a troqué ses raquettes contre un micro.. Ye Mama Ye... carnaval au Cameroun!
Sur scène, le gars de Bâton- Rouge est soutenu par toute une smala familiale: Frederick Neal aux keys, le rigolard, Darnell Neal, à la basse, pas un slappe slappeur et, aux drums, une bête qui jongle: Bryan Morris.
Kenny à la gratte, à l'harmonica et aux vocals, n'en rate pas une pour attirer l'attention du cameraman, un showman hors pair qui a enflammé la plaine!
Le set démarre par un blues vibrant au thème bleu éternel ... since you've been gone... I got the blues.., la guitare crache des flammes, les frangins s'amusent comme des fous et Bryan martèle à mort.
Mot d'ordre: a fast one followed by a slow one.
Donc, le premier truc larmoyant tiré en longueur, plus de 12', il souffre, Kenny et Puurs tressaille!
Place au funk avec un solide solo du colosse aux drums, Kenny à la slide, puis a ballad ' You've got to hurt before you heal' de Bobby 'Blue' Bland, tout en doigté.
Accélération prévue, Jimmy Reed ' You got me runnin' , plein gaz, et un second Reed, le plakker ' Honest I do'.
Faut pas déroger aux bonnes habitudes, du saignant suivi de ' Since I met you baby' avec choeurs liturgiques.
Encore deux salves, dont un medley blues incluant 'The blues is alright' pour lequel Luke Pytel rejoint le Kenny Neal Band.
Un duel homérique, une ovation monstre et un bis rouleau compresseur avec le sourire aux coins des lèvres... I feel alright... il chante, nous aussi, mec, nous aussi!
Kenny Neal is a killer!
Restauration rapide et saine pour retourner sous la toile pour l'apothéose : Roomful of Blues !
Il est minuit quart, la Duvel a fait son oeuvre, on dénombre déjà une sérieuse dose d'imbibés soit exubérants, soit avachis!
1967, Rhode Island, Al Copley et Duke Robillard créent Roomful of Blues , ils s'adjoignent a horn section.
45 ans plus tard, après d'incessants changements de line-up ( plus de 50 musiciens), Roomful of Blues se compose, sous la direction du guitariste Chris Vachon de: l'alto sax player Rich Lataille, Phil Pemberton aux vocals, du contrebassiste John Turner ( rouge rubicond dès l'entame) , Ephraim Lowell aux drums, Travis Colby aux keys, le baritone and tenor saxophonist Mark Earley et enfin, Doug Wolvertone à la trompette.
L'octet nous servira un juteux cocktail de jump blues, r'n'b, jazz blues ou swing, ayant réussi à faire danser les survivants.
L'instrumental 'Gate Walks to Board de Clarence Gatemouth Brown en hors-d'oeuvre.
Chris dirige et donne le signal pour ' It all went down the drain', voyant arriver le shouter, impossible de ne pas se déhancher, idem pour ' I would be a sinner', ça balance un max.
Style The Blasters ' Allright, Okay', puis les cuivres en chômage technique, ' I smell trouble', nous aussi, un mec s'est débarrassé de ses godasses et danse sur des tessons de Duvelglazen, tout en tirant sur un joint!
Hey, ça sonne comme du Big Joe Turner, pointe Luk: ' Boogie Woogie Country Girl' ensuite 'Two for the price of ten' servi chaud!
' Jambalaya' zatlappen en folie!
On décélère: ' Blind , crippled and crazy', crazy est le terme adéquat pour décrire ce cirque!
A guest , people, please welcome on guitar, Roberto Morbioli de Morblus, et là, pendant quelques plages, on va assister à de méchants duels de gladiateurs doués: ' Good time Charlie', 'Your love was never there' ( digne de Chuck Berry) et un funk instrumental gluant ( 'Guitar slamjam').
Repos pour les guitaristes, les horns et le piano au boulot, un nouvel interlude instrumental.
Slow time sur leur dernier né ' Time brings back a change', le machin visqueux qui te donne envie de te coller à la moins moche du lot!
'Jona Lee' sait pas comment elle est, mais elle a la bougeotte!
Un dernier funk endiablé ' Blues Walk' et un coup d'oeil sur la tocante, je rêve: 01h50'!
On les met avant les bis et la cohue de sortie..
Merci Duvel Blues, c'était fantastique!
Sur le chemin de retour, en passant devant Le Carré, Luk, qui n'a pas réussi à lever un Bunny long legs, propose un dernier verre, lui ai rétorqué que c'était bientôt l'heure de la messe!
Photos: LUK STIENS